LES BABOUINS (OLIVE, JAUNE, CHACMA)

Les babouins sont relativement communs dans les savanes d'Afrique subsaharienne du Sénégal au Cap de Bonne-Espérance.  Il évite les vrais déserts comme le Sahara et le cœur de la forêt équatoriale qui recouvre le Bassin du Congo. On distingue cinq espèces de babouins qui si on part du nord-ouest de leur aire de répartition jusqu'au sud du continent jusqu'au sud sont : le babouin de Guinée (Papio papio), le babouin olive (Papio anubis), le babouin hamadryas (Papio hamadryas), le babouin jaune (Papio cynocephalus), le babouin kinda (Papio kindae) et le chacma (Papio ursinus). Il convient toutefois de préciser que ds incertitudes quant à savoir si le babouin kinda -dont l'aire de répartition recouvre les forêts de miombo qui encerclent le sud du bassin du Congo du nord de l'Angola et sud du de la République Démocratique du Congo jusqu'à l'ouest de la Tanzanie en passant par la Zambie-est une espèce à part entière ou une sous-espèce du babouin jaune. Ce dernier est une des plus petites espèces de babouin au pelage clair dont l'aire de répartition s'étend du sud de la Somalie au sud de la Tanzanie et l'est de la Zambie. Les milieux arides de la corne de l'Afrique sont habités par le babouin hamadryas aisément reconnaissable par sa grande crinière blanche et son pelage gris blanchâtre. Les babouins jaunes et hamadryas peuvent être sympatriques avec le babouin olive qui a peut-être l'aire de répartition la plus vaste du Mali à la Tanzanie en passant par les pays de la bande sahélienne (Niger, Tchad, Soudan), de la corne de l'Afrique (Ethiopie, Erythrée) du littoral ouest africain (Guinée et Sierra Leone) où il peut entrer en contact avec le babouin de Guinée très similaire en apparence) que l'on trouve également en Mali, Mauritanie, Sénégal et Gambie. A l'autre extrémité du continent, du Cap à la Zambie et l'Angola, on trouve le babouin chacma au pelage sombre et au rostre proéminent qui est probablement l'espèce la plus imposante.

Bien que ces cinq espèces soient très proches en apparence, il est relativement aisé de les distinguer en fonction de la forme de leur museau et la couleur de leur pelage sauf peut-être entre le babouin de Guinée et le babouin olive ou encore entre le babouin jaune et le babouin de Kinda. Leurs moeurs sont en revanche relativement similaires ce qui explique que des développements communs leurs soient consacrés en particulier pour le babouin olive, jaune, chacma qui sont des espèces que l'on rencontre fréquemment en safari. Le babouin hamadryas a une organisation sociale qui diverge quelque peu de celle des autres babouins et sera donc traité séparement.


Babouins olives (Parc National de Nairobi, Kenya)                                Babouin jaune (Chobe, Botswana)


Chacma (Savuti, Botswana)

MENSURATIONS

Le dimorphisme sexuel est très prononcé chez toutes les espèces de babouins en faveur du mâle qui est en moyenne presque deux fois plus gros que la femelle.


Babouin olive :

Length : F= 50-70 cm ; M= 55-90 cm

Poids : F=14-18 kg ; M=22-30 kg

Chacma baboon :

Longueur : F= 51-62 cm ; M= 68-100 cm

Poids : F= 12-20 kg ; M= 25-50 kg

Babouin jaune :

Longueur : F= 51-69 cm ; M= 62-85 cm

Poids : F= 8-13 kg ; M= 20-28 kg



ECOLOGIE

Habitat : L'aire de répartition extrêmement vaste des babouins témoigne de facultés d'adaptation remarquables.  En dehors de la forêt équatoriale dense et des vrais déserts dont ils occupent seulement les marges, les babouins sont capables de coloniser tous les milieux des steppes et savanes arides du Sahel et de la Corne de l'Afrique aux forêts de miombo, forêts-galleries  et même au fynbos d'Afrique du Sud à condition qu'il y ait de l'eau, des arbres et/ou des rochers pour trouver refuge dans la mesure où ils passent le plus claire de leur temps au sol ce qui les rend vulnérables aux prédateurs. L'habitat de prédilection du babouin reste la savane arborée mais on le trouve également dans les prairies.

Nourriture : Extrêmement variée, les babouins sont principalement herbivores mais peuvent se faire carnivores à l'occasion. Ils se nourrissent de plantes herbacées, de fleurs, de fruits, de bourgeons, de bulbes, de racines, de champignons, de racines, de tubercules, de rhizomes, de brindilles, d'écorce, de feuillage et de plantes aquatiques. Près d'une centaine d'espèces  végétales figurent au menu. Comme le rapporte le zoologue Jonathan Kingdon, il est plus aisé de répertorier ce que le babouin ne mange pas plutôt que l'inverse.

Prédateurs occasionnels, les babouins se nourrissent également de d'insectes, d'arthropodes, de crustacés, de batraciens, de lézards, d'oisillons, de rongeurs, de lagomorphes. Exceptionnellement, les babouins mâles s'en prennent aux faons de gazelles et d'antilopes de moins de 6 kg. Lorsqu'ils sont en groupe, ils peuvent voler la proie fraichement tuée d'un guépard ou d'un léopard.

Structure sociale : La structure sociale des babouins est relativement complexe. Les babouins vivent en troupe pouvant comprendre plusieurs dizaines voire centaines d'individus. Ces troupes vivent au sein de domaines vitaux qui peuvent empiéter sur les domaines vitaux d'autres troupes. Les troupes de babouins cherchent en général à s'éviter. Toutefois, les rencontres sont la plupart du temps pacifiques sauf lorsque les ressources en eau ou en nourriture se font rares ce qui peut amener différentes troupes à s'affronter. De même, il peut y a voir des interactions agressives lorsque deux troupes cherchent à occuper un même refuge même si en règle générale, deux troupes différentes peuvent partager le même arbre. En général, la troupe la moins nombreuse ou comptant le plus faible nombre de mâles adultes bat en retraite.

Les troupes sont principalement composées de femelles qui restent toute leur vie au sein de la même troupe natale. Il existe une hiérarchie stricte entre les femelles. Les petits babouins occupent le rang inférieur à celui de leur mère par ordre descendant. En d'autres mots, un nouveau-occupera un rang supérieur à celui de ses frères et soeurs nés avant lui. Les jeunes mâles finissent par quitter la troupe avant leur maturité et émigrent vers d'autres troupes où ils auront plus de chances de s'accoupler en devenant des mâles dominants. Souvent ces jeunes mâles forment des coalitions afin de supplanter un mâle dominant plus vieux. Si la carrure et la taille des canines sont des facteurs déterminants en vue d'acquérir un statut de dominant, la faculté à former des coalitions avec d'autres mâles de rang intermédiaire en vue de dominer une troupe qui peut contenir des mâles plus puissants physiquement s'avère toute aussi décisive. En général, les combats pour la domination d'une troupe entre des mâles nouveaux-venus et un ou des mâles déjà établis sont relativement rares dans la mesure où les canines des babouins sont des armes extrêmement dangereuses. En règle générale, des menaces exprimées par des bâillements exposant des canines accompagnées de charges d'intimidation et de bluff suffisent à inciter la partie la plus faible à fuir. Il arrive que des mâles saisissent un petit babouin dans leur bras afin de ne pas se faire molester. 

Le statut de mâle dominant facilite les opportunités d'accouplement dans la mesure où ils semblent avoir généralement les faveurs des femelles. Toutefois, il peut arriver que les femelles aient des favoris parmi les mâles sans que ceux-ci soient dominants en ayant forgé une relation de proximité avec eux sur la durée. Une femelle va par exemple accompagner son ou ses favoris (en général deux mâles) au cours de leurs expéditions à la recherche de nourriture ou les épouiller. Ces mâles auront la préférence de la femelle pour s'accoupler et en retour vont leur assurer une protection ainsi qu'à leurs rejetons qu'ils soient les pères ou non. Ces mâles n'hésiteront pas intervenir en faveur de leur femelle consort si elle ou ses petits sont attaqués ou harcelés par d'autres mâles ou femelles situées plus haut dans la hiérarchie ou dans l'hypothèse où son petit est kidnappé ou malmené par d'autres babouins. Les mâles nouvellement arrivés dans une nouvelle troupe cherchent souvent à nouer ce type de liens avec une femelle ce qui leur permet non seulement de décupler leurs chances de s'accoupler et se faire accepter plus rapidement dans une nouvelle troupe.

Les babouins sont diurnes et sont actifs toute la journée où ils passent la plupart du temps au sol à la recherche de nourriture. Ils se réfugient dans les arbres à la nuit tombée pour se protéger des prédateurs.


Reproduction : Il n'y a pas de période de reproduction chez les babouins. La réceptivité des femelles est déterminée en fonction du gonflement et de la couleur de la peau qui entoure la région génitale. Lorsque la peau devient rose ou rouge vif et que la peau est gonflée à son maximum, cela signifie que la femelle est réceptive. Pendant cette période, la femelle sollicite et se présente aux mâles. Ces derniers répondent en inspectant et en touchant la région génitale, en épouillant une femelle en période d'oestrus ou en émettant une sorte de claquement avec leurs lèvres. Ils peuvent également complètement ignorer la femelle. Les mâles ne s'accouplement en général qu'avec les femelles pleinement réceptives et évitent les femelles adolescentes ou en préoestrus.

La gestation est de six mois. Le petit pèse est d'environ 900 g à la naissance. Il est sevré au bout de 300 jours. Le petit s'accroche au ventre de sa mère à la naissance. Au bout de quelques mois, il est capable de grimper sur son dos et d'interagir avec d'autres membres de la troupe.

Prédateurs: Le léopard est le principal prédateur du babouin même s'il est loin d'être parmi ses proies préférées contrairement à un mythe répandu. Les lions, les hyènes tachetées, les crocodiles du Nil et les pythons de Seba sont des prédateurs occasionnels. Les grands rapaces et les chimpanzés peuvent s'en prendre aux jeunes. Les guépards et les lycaons ne semblent pas s'en prendre aux babouins même si ces derniers réagissent agressivement en leur présence. Il semble que le babouin soit une proie trop dangereuse pour le guépard. En effet, les babouins constituent des proies très difficiles pour n'importe quel prédateur en raison de la défense commune de la troupe menée par les mâles adultes accompagnées parfois par les femelles et adolescents est très dissuasive et permet à la troupe d'avoir un dispositif de sécurité efficace lorsqu'elle est au sol et en l'absence de refuge proche. Lorsqu'un prédateur est repéré, les babouins et en particulier les grands mâles l'encerclent et le harcèlent et effectuent des charges d'intimidation tout en évitant généralement le contact s'il s'agit d'un léopard ou d'un lion le tout accompagné d'une cacophonie de cris assourdissants. Cela suffit en général à repousser un prédateur solitaire comme le léopard. Bien que plus puissant qu'un babouin mâle adulte, l'attaque combinée de plusieurs babouins mâles adultes armés de canines redoutables pourrait venir à bout d'un léopard adulte ce qui est déjà arrivé par le passé. Les léopards évitent donc en général d'attaquer de jour, là où la troupe est plus vigilante. La nuit, le rapport de force s'inverse à l'avantage du léopard qui profitera de l'obscurité pour se saisir d'un babouin inattentif ou aisément accessible sur les branches les plus basses des arbres dans lesquels ils ont trouvé refuge.

Meilleurs endroits pour l'observer : les babouins s'observent sans aucune difficulté dans la plupart des réserves africaines et même en dehors.