LE BUBALE

Le bubale ou kongoni est une grande antilope de la famille des alcéphalinés comprenant le gnou et le damalisque. Comme ces derniers, les bubales ont un dos tombant, leur avant-train étant plus élevé que leur arrière-train. Ils se distinguent par ailleurs par leur tête et museau très étroits. On distingue sept sous-espèces de bubales qui se distinguent des unes des autres par la forme de leurs cornes ou la couleur de leur robe. L'une des sous-espèces parmi les plus rares est le bubale de Swayne (Alcephalus swaynei) endémique à l'Ethiopie et qui est en danger critique d'extinction. Sa robe tirant sur le marron foncé est la plus sombre de toutes les sous-espèces à l'exception du bubale caama du Kalahari (Alcephalus caama) qui lui présente une très belle robe rougeâtre agrémentée de marques noires sur les épaules et les pattes à l'image d'un damalisque. Le bubale caama à la différence du bubale de Swayne reste relativement répandu au Botswana, en Namibie, au Zimbabwe et au Nord de l'Afrique du Sud. Le bubale caama est une des antilopes emblématiques du Kalahari avec le gemsbok et le springbok. Le bubale tora (Alcephalus tora) est une autre sous-espèce rare à la robe claire potant des cornes présentant une grande amplitude en comparaison des autres sous-espèces. C'est une sous-espèce en danger critique d'extinction qu'on ne trouve qu'en Ethiopie et en Erythrée. Le bubale de Lichtenstein (Alcelaphus Lichtensteinii) est une sous-espèce inféodée à la ceinture de miombo qui entoure les forêts denses du bassin du Congo. Il possède les cornes les plus courtes de toutes les sous-espèces mais c'est l'une des plus imposantes. Il est présent principalement au sud de la Tanzanie dans la réserve du Selous, en Zambie, au sud de la République Démocratique du Congo, en Angola, au Mozambique et au Zimbabwe. Le bubale de lelwel (Alcelaphus lelwel) est une des sous-espèces les plus aisées à identifier en raison de son museau encore plus étroit que de coutume même pour un bubale et ses longues cornes dressées à la verticale dont la pointe est incurvée vers l'arrière. Sa robe est légèrement plus foncée que celle des bubales d'Afrique de l'Est, virant un petit peu plus vers le rouge. C'est une espèce présente en République Centrafricaine, au Tchad, en République Démocrtique du Congo, en Ethiopie, au Kenya, au Soudan, en Tanzanie et en Ouganda. La plus grande de toutes les sous-espèces est le bubale kanki d'Afrique de l'Ouest (Alcelaphus major) qui se distingue par sa grande taille, sa robe qui est la plus pâle de toutes les sous-espèces et ses cornes longues, épaisses et fortement annelées en forme de U. La dernière sous-espèce est probablement la plus connue. Il s'agit du bubale de Coke (Alcelaphus cokii) ou kongoni présent dans les savanes d'Afrique de l'Est au sud du Kenya et au Nord de la Tanzanie dans l'écosystème Mara-Serengeti.

Kongoni (Masai Mara; Kenya)

MENSURATIONS (variables d'une sous-espèce à l'autre)

Longueur: 160-250 cm ; en moyenne 170-200 cm.

Ht au garrot: 120 cm (bubale de Swayne) - 143 cm (bubale d'Afrique de l'Ouest) ; en moyenne 120-136 cm.

Poids: M= 130 - 200 kg ; F= 120-185 kg

ECOLOGIE

Habitat: Le bubale est un habitant typique des savanes herbeuses et arborées même si on le trouve rarement sur les sections centrales des plaines à l'inverse des gnous et des damalisques. Au contraire, le bubale fréquente plus volontiers les écotones entre les plaines et les zones arborées ou boisées. Le bubale du Lichtenstein fréquente d'ailleurs les forês de miombo. A l'inverse, le bubale caama du Kalahari est inféodé aux zones arides et les semi-déserts d'Afrique australe. Le bubale de Tora était également un habitant des zones semi-arides de la corne de l'Afrique. 

Nourriture : Le museau long et étroit du bubale indique que c'est une antilope au régime alimentaire très sélectif. Le bubale se nourrit surtout de plantes herbacées de hauteur moyenne (au genou) dont il prélève les parties les plus nutritives comme les feuilles, les pousses ou la gaine même lorsque l'herbe est en phase de dégénerescence. L'appareil digestif du bubale est par ailleurs très efficace et son métabolisme faible lui permettent d'extraire un maximum de ressources énergétiques à partir de matière végétale ingérée en très faible quantité en raison de l'étroitesse de son museau. Cela permet au bubale de survivre dans des habitats arides et de limiter la compétition d'autres herbivores comme l'hippotrague rouane qui sont obligés de se rabattre sur du feuillage moins nutritif pendant la saison sèche. 

Comportement et structure sociale : Les mâles sont territoriaux et établissent un réseau de petits territoires dont les ressources attirent les hardes de femelles et leurs petits. L'établissement de ces territoires est donc stratégique dans la mesure où les territoires les plus riches en nourriture attireront plus femelles que des territoires périphériques. Toutefois, il sera difficile pour un mâle de défendre et garder un territoire riche en ressources dans la mesure où il engendrera les convoitises de mâles rivaux qui pourront l'en chasser. A l'inverse, les mâles des territoires périphériques moins dotés en ressources alimentaires seront plus à même de garder leur territoire pendant un laps de temps assez long mais les opportunités d'accouplement seront plus limitées dans la mesure où les femelles sont plus attirées par les territoires riches en ressources alimentaires des mâles les plus dominants.

Le mâle marque son territoire à l'aide de des glandes préorbitales en y insérant la tige des plantes afin d'y déposer une secrétion noirâtre odorante. Toutefois, cette méthode reste relativement marginale. En effet, le marquage du territore par les fèces en formant de latrines aux frontières des territoires est davantage utilisée. Les latrines constituent d'ailleurs un point de rencontre entre mâles territoriaux qui s'adonneront à une séance de marquage de territoire rituelle où chacun à tout de rôle renifle les latrines, avant de racler le sol et de s'agenouiller pour plonger leur tête et leurs cornes dedans. D'autres comportements territoriaux plus typiques des alcéphalinés est le fait pour le mâle de se tenir en évidence au milieu de son territoire dans une attitude droite et fière, souvent sur un point saillant, le trot lent où l'animal relève exaggérément les pattes tout en adoptant une posture droite et les cabrioles.

Lorsqu'un intrus pénètre sur le territoire d'un mâle, s'il est d'un statut inférieur, il prend généralement la fuite. En revanche, entre deux mâles de statut et de force équivalente, l'intrus peut s'approcher du mâle territorial et le renifler et de le mordiller ce qui est une attitude caractéristique appelée "neck-sliding". Le mâle territorial peut également effectuer une présentation latérale de profil pour mettre en avant sa taille. Un autre comportement typique du bubale effectué par les deux sexes en présence d'un congénère est de s'essuyer la tête sur chaque épaule dans un mouvement soudain ("shoulder-wiping"). Les combats sont rares. Dans cette hypothèse, les deux mâles se laissent tomber sur les genous avant d'entrelacer leurs cornes et de se repousser à force de contorsions du cou. Le perdant s'enfuit poursuivi par le vainqueur qui retournera sur son territoire et le marquer.

Les hardes de femelles sont souples et ces dernières ne forment pas de relations durables entre elles. Le seul lien solide est entre une femelle et son petit. Ces hardes de femelles à la composition hétéroclite traversent les territoires des mâles à la recherche de nourriture. Ces derniers essaieront de les retenir dans l'espoir de s'accoupler.  A cette occasion ils peuvent devenir agressifs envers les veaux qui accompagnent une femelle mais cette dernière n'hésitera pas à défendre son petit contre les assauts d'un mâle. Les jeunes mâles quittent leur mère au bout d'un an souvent chassées par un mâle territorial et rejoignent des hardes de célibataires composées d'autres jeunes mâles ou de mâles plus matures qui n'ont pu établir des territoires ou qui en ont été chassés. Parfois ces derniers tentent de récupérer leurs biens ou doivent se résigner à établir des territoires dans des endroits moins avantageux.

Les bubales sont des antilopes plutôt diurnes actives tôt le matin et tard dans l'après-midi. Ils ont deux ou trois périodes de repos entre 8h00 et 16h30 (Estes). 

Reproduction : Les bubales se reproduisent toute l'année. Lorsqu'une femelle pénètre sur le territoire d'un mâle, ce dernier effectue des cercles autour d'elle et lui renifle la vulve. La femelle répond en urinant. Contrairement aux autres antilopes à l'exception du damalisque, le bubale n'effectue pas de flehmen pour tester la réceptivité de la femelle. Il peut effectuer une présentation latérale de son profil pour lui barrer le passage dans la mesure où la plupart des femelles tentent de fuir les avances du mâle. Le mâle s'approche ensuite de la femelle, oreilles baissées et cou à l'horizontale. Si elle ne fuit pas, l'accouplement peut avoir lieu. Parfois des mâles, peuvent perturber l'accouplement pour faire fuir la femelle dans leur territoire. 

La gestation est de 8 mois.La femelle se retire dans la végétation pour mettre bas. Le petit reste caché dans les fourrés pendant quelques semaines et n'en sort que pour têter la femelle. Chez certaines sous-espèces de bubales il y a des pics de naissance juste au début de la saison des pluies lorsque la nourriture est abondante. C'est notamment le cas chez le bubale de Coke. Une fois au sein de la hardes les petits forment parfois des crèches.
Les femelles sont sexuellement matures au bout de 16 à 18 mois et les mâles au bout de 18 mois mais ces derniers ne se reproduisent qu'une fois après avoir acquis un territoire.

Prédateurs:  Les lions, les hyènes tachetées, les meutes de lycaons et les crocodiles du Nil sont les principaux prédateurs des adultes. Les léopards et les guépards s'attaquent également aux bubales adultes mais préfèrent les jeunes et subadultes. Le bubale est une proie qui figure peu au menu des prédateurs en raison de sa célérité. C'est également une antilope qui peut parfois se défendre face à une hyène solitaire, un guépard ou même un léopard surtout s'il s'agit d'une femelle accompagnée de son petit. Il existe un cas avéré où un léopard est mort de ses blessures après avoir tué un bubale adulte.
Les jeunes sont en outre la proie des chacals, des hyènes, des pythons de Seba, des babouins

Meilleurs endroits pour l’observer : Masai Mara, Parc National de Nairobi (Kenya), Serengeti, Ngorongoro (Tanzanie), Désert du Kalahari (Botswana), Etosha (Namibie). Les bubales sont des antilopes assez faciles à observer dans les parcs où ils sont présents.