LES CHACALS (Chacal à chabraque, loup doré d'Afrique, chacal à flancs rayés)

Il existe trois espèces de chacals en Afrique aux moeurs relativement similaires ce qui explique qu'elles soient traitées ensemble. Le loup doré d'Afrique est en réalité l'ancien chacal doré (Canis aureus). Ce changement d'appellation se justifie par le fait que des études génétiques récentes ont démontré qu'il était plus proche du loup (Canis lupus) que du chacal bien qu'il soit plus proche du chacal au niveau de l'éthologie que du loup si on excepte quelques populations marginales de loup comme le loup d'Arabie ou le loup indien. L'appellation chacal doré désigne désormais une espèce de chacal répandue sur le continent asiatique du Proche-Orient à l'Asie du Sud-Est, très proche en apparence et au niveau des mœurs au loup doré africain. Le loup doré africain est un petit canidé répandu dans en Afrique du Nord, dans toute l'Afrique de l'Ouest et dont l'aire de répartition s'étend jusqu'en Afrique de l'Est jusqu'en Tanzanie du Nord. Il se distingue des autres espèces de chacal par son pelage relativement uni de couleur fauve avec des teintes grisâtres, voire entièrement grise chez la sous-espèce d'Afrique de l'Est avec une partie ventrale blanche. Le chacal à chabraque (Canis mesomelas) est présent en Afrique de l'Est et en Afrique australe. C'est une des espèces que l'on rencontre le plus fréquemment en safari. Il se distingue des autres espèces de chacal comme son indique par la chabraque ou sorte de tache sombre en forme de selle qu'il porte sur le dos sur un pelage fauve. La dernière espèce est le chacal à flancs rayés (Canis adustus) qui comme son nom l'indique est doté d'une bande noire plus ou moins visible sur ses flancs de couleur grisâtre. Le bout de sa queue est blanche ce qui le distingue du loup doré d'Afrique dont le bout de la queue est noire. Le chacal à flancs rayés est répandu dans toute la bande sahélienne, en Afrique de l'Est et en Afrique Australe jusqu'au Nord-Est de l'Afrique du Sud. Les trois espèces de chacals sont souvent sympatriques dans bien des localités et plus particulièrement en Afrique de l'Est. Lorsque c'est le cas, il existe une séparation écologique assez souple. Le loup doré aura tendance a occupé les biotopes les plus arides, le chacal à flancs rayés les biotopes boisés et le chacal à chabraque les biotopes intermédiaires constitués de plaines herbeuses. Dans le cratère du Ngorongoro, les trois espèces vivent en étroite proximité. Dans cette configuration, le chacal à flancs rayés est en général plus discret et se rabat sur les proies les plus petites (insectes et rongeurs) que les deux autres espèces, le chacal à chabraque est plus visible et se fait une spécialité de chaparder de la nourriture sur les proies tuées par les lions et les hyènes malgré leur présence alors que le loup doré sera davantage en retrait et plus à même de chasser lui-même.



Chacal à chabraque (Cratère du Ngorongoro, Tanzanie)                      Loup doré d'Afrique (Cratère du Ngorongoro, Tanzanie)


Chacal à flancs rayés (Serengeti, Tanzanie)

MENSURATIONS

Loup doré d'Afrique
Longueur (sans la queue) : 72-94 cm
Hauteur au garrot : 40-45 cm
Poids : 7-15 kg

Chacal à chabraque
Longueur (sans la queue) : 69-90 cm
Hauteur au garrot : 45-50 cm
Poids : F= 6-10 kg ; M= 6-12 kg

Chacal à flancs rayés
Longueur (sans la queue) : 65,5-78 cm
Hauteur au garrot : 35-50 cm
Poids : F=7-10 kg ; M= 7-12 kg


ECOLOGIE

Habitat : Les trois espèces de chacal sont capables de vivre dans les biotopes les plus variés. Le loup doré d'Afrique est probablement le mieux adapté aux milieux arides, aux déserts et aux steppes puisqu'on le rencontre même dans le Sahara. Il est intéressé de noter que le chacal doré auquel il a longtemps été assimilé est présent dans les forêts denses d'Asie du Sud-Est en Birmanie et en Indochine qui est évidemment un biotope aux antipodes ce qui laisse suggérer que la distinction entre loup doré et chacal doré n'est peut-être pas aussi superficielle que l'on pourrait le penser au premier abord. Le chacal à chabraque est une espèce de savane par excellence mais qui est très adaptable et capable de survivre dans une grande variété de biotopes allant des côtes désertiques de la Namibie, aux prairies de montagne en passant par les savanes herbeuses, savanes arborées et boisées et le bush. Le chacal à flancs rayés fréquente plus volontiers les zones boisées qu'il s'agisse des savanes boisées ou le miombo, en lisière des forêts tropicales humides en particulier lorsqu'il est sympatrique avec les autres espèces de chacal. On le trouve également dans les marais, les prairies et le bush si la végétation est suffisamment abondante.

Nourriture : Les chacals sont des prédateurs et charognards opportunistes et omnivores. Ils sont capables de terrasser des proies deux à trois fois plus lourdes qu'eux surtout s'ils sont en groupe mais cela reste relativement rare. En général, les chacals se nourrissent de petites proies comme des insectes, des arthropodes, des rongeurs, des lézards, des serpents, des lagomorphes et des faons de gazelles et d'antilopes (impalas, damalisques, gnous, bubales) qui sont en général leurs plus grosses proies. Exceptionnellement, un chacal ou un couple peut s'en prendre à une gazelle de Thompson ou un springbok adulte. La plus grosse proie jamais capturée est un impala adulte. Les chacals à chabraque en Namibie sont également capables s'en prennent également aux otaries à fourrure du Cap même adultes bien qu'ils préfèrent s'en prendre aux petits. Lorsqu'il chasse des rongeurs ou des petites proies, le chacal utilise la technique du renard ou du serval en s'approchant lentement et en effectuant un bond pattes jointes avant de retomber sur le rongeur et le saisir dans sa gueule pour l'achever d'une morsure à la nuque. Lorsqu'il chasse des proies plus grosses comme des faons d'antilope ou des gazelles adultes, il utilise la technique classique des canidés en épuisant sa proie et en la harcelant de morsures jusqu'à temps qu'elle succombe. Lorsqu'il s'agit de veaux de gnous, de damalisques ou de gazelles, un chacal distrait la mère pendant que l'autre chacal se saisit du petit. La chasse en groupe facilite la chasse des petits ongulés. Une gazelle adulte quelle que soit l'espèce est souvent capable de repousser un chacal solitaire. Il arrive parfois que les chacals se joignent aux hyènes ou aux guépards lorsqu'ils chassent en espérant avoir une partie des restes.

Volontiers charognard, le chacal se nourrit des proies délaissées par les grands prédateurs.  Il semble que le chacal à chabraque soit plus audacieux que le loup doré et le chacal à flancs rayés dans la mesure où il n'hésite pas à chaparder de la viande au milieu des lions et des hyènes sans s'attirer les foudres de ces derniers. Le loup doré et le chacal à flancs rayés semblent plus prudents et attendent en général que les grands prédateurs soient partis avant de se nourrir des restes. Selon R.D. Estes, les loups dorés peuvent faire preuve d'audace en présence d'une hyène solitaire. Pendant qu'un chacal la harcèle en lui mordant les pattes et en l'esquivant, l'autre en profite pour lui voler sa nourriture. Ils n'hésiteront pas également à voler de la viande aux lycaons et à faire face à un lycaon solitaire en grognant si ce dernier vient réclamer son dû. Toutes les espèces de chacal dominent les vautours quel que soit leur nombre.
Les chacals se nourrissent également de matière végétale comme les fruits.

Structure et comportement social : Toutes les espèces de chacal sont monogames et territoriales. La structure sociale de base du chacal est formée par un couple monogame parfois accompagné d'auxiliaires qui sont en général des jeunes chacals subadultes d'une précédente portée. Le couple reste uni pour la vie et perd son territoire si un des membres du couple meurt. Le couple marque et défend son territoire de concert contre les chacals étrangers du même sexe. Chez les loups dorés d'Afrique, les chacals auxiliaires participent à la défense du territoire. La taille des territoires varie entre 1 et 3 km2. Malgré les territoires, plusieurs chacals jusqu'à une quinzaine peuvent se regrouper autour d'une grande carcasse d'herbivore.

La présence de jeunes auxiliaires permet au couple de partir à la recherche de nourriture ou de patrouiller le territoire toute en laissant leurs derniers nés sous la surveillance des subadultes ce qui augmente grandement les chances de survie d'une portée. Le couple d'adultes rapporte de la nourriture au terrier qu'ils partagent avec les chacals auxilliaires. Ils régurgitent en revanche de la nourriture aux petits. Il semblerait qu'il y ait plus de cohésion entre une famille de loups dorés d'Afrique qu'entre les membres d'une famille de chacals à chabraque. En effet, chez ces derniers, les petits semblent plus agressifs et compétitifs entre eux jusqu'à établir une hiérarchie plus stricte qui déterminera lequel d'entre eux restera au terrier en tant qu'auxiliaire et lequel devra partir à la recherche d'un partenaire pour fonder un territoire. Chez les loups dorés d'Afrique, les petits restent plus longtemps au terrier en tant qu'auxiliaire avant d'émigrer. C'est lors de l'émigration qu'une jeune femelle chacal finit par rencontrer un jeune mâle d'un territoire voisin avec lequel elle formera un couple monogame pour la vie. Les chacals utilisent tout un répertoire de cris et de hurlements pour communiquer entre eux. Il existe également cri d'alarme pour signaler l'approche d'un prédateur. Les contacts tactiles sont également importants pour maintenir la cohésion sociale notamment à travers le toilettage mutuel et autres rituels d'accueil
Les chacals sont plutôt des animaux nocturnes mais sont souvent actifs de jour.

Comportement reproducteur : Les chacals se reproduisent toute l'année mais il peut y avoir un pic de reproduction de Mai à Aout dans certaines régions. Le comportement reproducteur est marqué par plusieurs phases. La première phase est la patrouille et le marquage en commun du territoire par les fèces et l'urine. Dans la deuxième phase, la femelle écarte la queue d'un côté et les deux chacals s'approchent l'un de l'autre avec la crinière relevée et en gémissant et se tiennent près l'un de l'autre en formant un "T" permettant ainsi à la femelle de lécher les parties génitales du mâle pendant qu'il la renifle. La troisième phase est l'accouplement à proprement parler.
La gestation est d'une soixantaine de jours et les portées de chacal peuvent comprendre jusqu'à six petits. Ils ouvrent les yeux à partir d'une dizaine de jours et sont sevrés au bout de deux mois. Les petits sont assez joueurs. Les parents et les auxiliaires les défendent contre les prédateurs jusqu'à la taille d'une hyène qu'ils n'hésiteront pas à attaquer en lui mordant les pattes postérieures jusqu'à la faire fuir. Ils ne peuvent rien en revanche contre les grands félidés.

Prédateurs : Le léopard est probablement le prédateur le plus important. Alors que les chacals n'hésitent pas à côtoyer les lions et les hyènes autour d'une carcasse, ils éviteront une carcasse dévorée par un léopard qui risque de les ajouter au menu. Les hyènes peuvent tuer de manière opportuniste un chacal ou lui voler sa nourriture mais un couple de chacal est à même de se défendre efficacement contre une hyène solitaire. Les lions ignorent en général les chacals au point de les tolérer autour des carcasses mais pourraient potentiellement s'en prendre à eux.Il en va de même pour les lycaons. Les guépards aiment courser les chacals mais les tuent rarement même s'ils sont capables de le faire. Les crocodiles du Nil et les pythons représentent en revanche une menace réelle même pour les chacals adultes. Les caracals dominent également les chacals en un contre un et peuvent parfois s'imposer face à un couple. Il arrive fréquemment que caracals et chacals se disputent une proie leur régime alimentaire étant très similaires. Les chacals cèdent également face au ratel lorsqu'une carcasse est en jeu mais les chacals adultes feront face si le ratel cherche à s'en prendre à un petit. Les petits sont également menacés par les grands rapaces.

Meilleurs endroits pour les observer : Les trois espèces de chacals peuvent s'observer relativement facilement dans le cratère du Ngorongoro en Tanzanie. En dehors, le chacal à chabraque s'observe relativement aisément dans tous les grands parcs nationaux d'Afrique australe et orientale. Le loup doré est également assez facile à observer dans l'écosystème Mara-Serengeti. L'observation du chacal à flancs rayés est en revanche beaucoup plus aléatoire.