LA GAZELLE DE GRANT

La gazelle de Grant fait partie du groupe des grandes gazelles du genus Nanger qui regroupe également la gazelle de Bright (Nanger notatus), la gazelle de Peter (Nanger petersii) qui étaient auparavant considérées comme des sous-espèces de la gazelle de Grant mais qui sont désormais reconnues comme des espèces monotypiques à part entière. La gazelle de Grant comprend aujourd'hui deux sous-espèces: la gazelle de Grant du sud (Nanger granti) et la gazelle de Robert (Nanger granti robertsi). La gazelle de Grant du sud a une aire de répartition assez vaste qui s'étend du centre du Kenya aux alentours de la réserve de Samburu au sud de la Tanzanie jusqu'au parc national du Ruaha. La gazelle de Robert se trouve seulement dans l'écosystème du Mara-Serengeti. Les deux sous-espèces ont une corpulence similaire mais se distinguent par la forme de leurs cornes. La gazelle de Grant du sud a des cornes lègerement incurvées en forme de léger "S" qui partent vers l'arrière alors que la gazelle de Robert a des cornes qui s'écartent latéralement.

La gazelle de Grant est probablement la plus grande des gazelles avec la gazelle dama (Nanger dama) du Sahara. C'est ce qui permet de la distingue de la gazelle de Thompson avec laquelle on la trouve souvent. Les cornes de la gazelle de Grant sont également beaucoup plus longues chez la gazelle de Thompson. La gazelle de Grant ne possède généralement pas de bande noire sur les flancs à l'inverse la gazelle de Thompson.

La gazelle de Grant  est particulièrement bien adaptée à son milieu aride de par son système de régulation thermique similaire à celui de l'éland et de l'oryx. Grâce à un système de refroidissement du sang situé dans les naseaux, la température du cerveau reste toujours inférieure à celle de la température corporelle maximale.

 

Gazelle de Robert                                                                             Gazelle de Grant du Sud

Caractéristiques physiques :

Longueur : 127 cm (F), 134-153 cm (M)

Hauteur au garrot : 75-83 cm (F), 84-94 cm (M)

Poids : 38-67 kg (F), 58-81 kg (M)

Ecologie :

Habitat : La gazelle de Grant se trouve dans les milieux les plus arides de l'Afrique de l'Est des semi-déserts; savanes ouvertes, plaines aux savanes légèrement arborées et savanes buissoneuses. 

Alimentation : La gazelle de Grant occupe une niche intermédiaire étant autant phyllophage que herbivore stricto sensu. Elle se nourrit de diverses espèces d'herbes courtes (Cynodon) et de pousses fraiches pendant la saison des pluies au moment où ces dernières sont plus riches en nutriment. Pendant la saison sèche, elle se porte plus volontiers, elle est plus phyllophage en se nourrissant de feuilles de buissons et divers arbustes.

Comportement : La gazelle de Grant est animal grégaire cependant ,comme l'a démontré Estes, sa structure sociale est de nature à évoluer en fonction de facteurs écologiques et environnementaux. On distingue les groupes mixtes, les hardes reproductrices, les groupes de mâles célibataires et les mâles solitaires territoriaux. Les groupes mixtes regroupant de plusieurs dizaines d'individus comprenant mâles adultes, femelles et petits se rencontrent surtout dans les habitats ouverts commes les savanes herbeuses et les plaines d'herbes courtes regroupées autour d'un point saillant du paysage comme un kopje ou un arbre. A l'inverse les groupes mixtes sont plus réduits dans les milieux boisés et prennent souvent la forme de harde reproductrice avec seulement une dizaine d'invidus tout au plus se composant d'un mâle territorial et d'un harem de plusieurs femelles et leurs petits. L'habitat aura également une influence sur la territorialité des mâles. En effet, les instincts territoriaux des mâles seront atténués dans les grands attroupements. Les maâles seront plus tolérants de la présence des autres mâles lors des grands rassemblements dans les milieux ouverts. Cela peut s'expliquer par le fait que la dépense énergétique pour défendre son territoire en présence de nombreux mâles adultes auraient tôt fait d'épuiser le mâle territorial. Les grands groupes mixtes de gazelles de Grant peuvent s'expliquer par l'abondance de ressources alimentaires dans une zone donnée amenant plusieurs groupes de gazelles à converger vers cette même zone. Les groupes mixtes se retrouvent également pendant la migration qui ne suit pas celle des zèbres, gazelles de Thompson, damalisques et gnous. A l'inverse de ces derniers qui suivent les pluies synonymes de riches pâturages, les gazelles de Grant recherchent les zones les plus sèches de végétation éparse où elles n'auront pas à subir la concurrences des autres grands herbivores.

Les hardes reproductrices comprenant un mâle territorial et plusieurs femelles et leurs petits sont sédentaires et sont plus stables. Selon les observations de Walther, les individus composant ces hardes restent ensemble pour une durée de huit mois. Si le groupe est trop petit, les femelles peuvent quitter la harde pour des hardes plus grandes leur apportanr davantage de sécurité.

Les groupes de mâles célibataires vivent à la périphérie des territoires et des groupes mixtes et comprends souvent des mâles adolescents et des mâles adultes cherchant à établir un territoire. La hiérarchie au sein de ces groupes est fixée en fonction de l'âge des individus. A l'âge de trois ans, les mâles sont prêts à acquérir un territoire et quittent leur groupe d'origine qu'il s'agisse d'une harde mixte ou groupe de mâles célibataires. 

Les mâles territoriaux marquent leur territoire par leurs fèces déposées  à des endroits stratégiques et en urinant tout en grattant la terre avec leurs pattes.  Ils peuvent également détruire la végétation alentour avec leurs cornes ou se tenir en évidence sur un promontoir pour signaler leur territorialité. Contrairement aux gazelles de Thompson, les mâles n'utilisent pas leurs glandes préorbitales pour marquer la végétation environnante. La gazelle de Grant possède également une forme de rituel de territorialité unique que l'on ne trouve pas chez les autres antilopes décrit par Estes. Lorsque deux mâles territoriaux sont en présence l'un de l'autre, ils se placent tête-bêche et tournent la tête d'un coté et de l'autre ce qui a pour effet de mettre en valeur, les cornes, la taille et l'imposante circonférence des cous des protagonistes qui est un attribut masculin chez les gazelles de Grant. Le plus souvent cette posture rituelle est suffisante pour éviter les combats. Les combats commencent lorsque les deux adversaires se font face en baissant le cou à mi-hauteur avant d'engager une lutte cornes contre cornes ou front contre front. Le perdant se désengage et fuit poursuivit par le vainqueur. 

Reproduction : Les gazelles de Grant mettent bas tout au long de l'année avec un pique entre Octobre et Décembre. Elles sont sexuellement matures à partir de 420-450 jours. Les mâles approchent les femelles en effectuant une marche nuptiale, tête haute et pattes tendues évoquant une marche militaire. Les femelles réagissent en fuyant ou par des menaces en baissant la tête pour présenter leurs cornes. A l'inverse, elles indiquent leur receptivité en soulevant et en maintenant leur queue en l'air. 

La gestion est d'une durée de 198 à 199 jours.

La femelle quitte la harde pour mettre bas. Le veau reste caché dans la végétation les premières semaines et recoit la visite de sa mère quotidiennement pour têter. Cette dernière l'appelle en secouant la tête et bêlant. Après quelques semaines il rejoint sa mère et la harde.

Prédateurs : Les guépards, les lycaons, les léopards, les lions, les hyènes tachetées, les crocodiles et les pythons de seba sont les principaux prédateurs des adultes. Les gazelles de Grant sont extrêmement rapides et sont difficiles à attraper. Les gazelles de Grant craignent davantage les guépards et les lycaons que les autres prédateurs plus lents et plus à même de les rattraper en terrain découvert. Les gazelles peuvent laisser lions, léopards et hyènes approcher à quelques mètres en terrain découvert sachant pertinemment qu'ils n'ont aucune chance de les rattraper alors qu'ils détaleront à la vue d'un guépard ou d'une meute de lycaons à simplement 500m. Les faons peuvent être victimes des caracals, servals, chacals, ratels, babouins et rapaces.

Meilleurs endroits pour l’observer :

Les gazelles de Grant sont nombreuses et faciles à observer à Samburu et dans le Masai Mara au Kenya, dans le Serengeti et le Ngorongoro en Tanzanie. Elles sont moins communes dans le sud de la Tanzanie et plus difficiles à observer dans le Ruaha.