LE GNOU

Le gnou est un animal emblématique des savanes d'Afrique orientale et australe. Contrairement aux apparences, le gnou est une antilope des plaines de la famille des alcélaphinés au même titre que le bubale ou le topi. C'est une antilope de grande taille, puissante à l'allure bovine. On distingue quatre sous-espèces de gnou. La plus imposante est le gnou bleu (Connochaetes taurinus) au pelage gris sombre d'Afrique australe présent du nord-est de l'Afrique du Sud jusqu'en Zambie en passant par le Botswana, le Zimbabwe, la Namibie, le Mozambique et l'Angola. Le gnou de Johnston (Connochaetes johnstoni) possède un pelage plus clair et possède parfois une bande blanche transversale sur le museau. Son aire de répartition est relativement limitée puisqu'on le trouve qu'au nord du Mozambique, à l'Est de la Zambie et au sud de la Tanzanie, notamment dans la réserve du Selous. Le gnou à barbe blanche de l'ouest (Connochaetes mearnsi) est probablement la sous-espèce la plus connue en ce qu'elle est probablement la plus documentée. Il s'agit en effet de la sous-espèce présente au nord de la Tanzanie et du Kenya dans l'écosystème Mara-Serengeti où elle effectue une migration saisonnière annuelle qui est probablement l'un des plus grands spectacles de la nature. C'est la sous-espèce la plus petite dotée d'un pelage gris sombre avec des reflets bleutés et d'une grande barbe blanche. Cette sous-espèce se distingue du gnou à queue blanche de l'Est (Connochaetes albojubatus) au pelage plus clair présent à Nord-Est de la Tanzanie et au Sud-Est du Kenya. L'écologie du gnou nous est notamment connue grâce aux travaux de Richard Despard Estes.

Gnou bleu (Sabi Sand, Afrique du Sud)

MENSURATIONS

Longueur: F=170-230 cm ; M=180-240 cm (variable d'une sous-espèce à l'autre)

Hauteur au garrot: F= 106-144 cm ; M= 100-156 cm (variable d'une sous-espèce à l'autre)

Poids: F= 160-216 kg ; M= 160-295 kg

ECOLOGIE

Habitat: Les gnous habitent les savanes herbeuses, savanes d'acacia, les plaines, les savanes arborées et ne sont jamais à moins de 20 km d’un point d’eau.

Nourriture: Le museau large du gnou, sa dentition et ses lèvres préhensiles lui permettent de saisir de grandes quantités d'herbes rases dont il raffole. Il s'agit d'un herbivore stricte qui se repaît presque essentiellement d'espèces d'herbes rases à haute valeur nutritive. Ils suivent donc les pluies qui favorisent la pousse d'espèces herbes vertes et tendres. Ils ont besoin de boire quotidiennement.

Comportement et structure sociale : Le gnou est une espèce grégaire et territoriale. Le comportement territorial des mâles se retrouve à la fois au sein des hardes sédentaires et migratrices. 
Les hardes sédentaires reproduisent une structure sociale classique que l'on retrouve chez la plupart des antilopes à savoir une harde reproductrice composée essentiellement de femelles apparentées et de leurs petits pouvant regrouper jusqu'à 25 ou 30 individus. Les liens entre femelles adultes et leurs filles sont forts et les femelles de la harde sont en général hostiles aux femelles étrangères. Chacune de ses hardes reproductrices recouvrent le territoire de plusieurs mâles. Les mâles établissent des territoires à l'âge adulte souvent à l'occasion de combats avec d'autres mâles territoriaux établis. Les territoires des mâles sont de petite superficie et les mâles territoriaux sont donc relativement proches les uns des autres. Les combats entre mâles territoriaux établis sont rares. Ces derniers maintiennent le statu quo à l'aide de rituels territoriaux sophistiqués comme le test d'urine effectué de manière réciproque par deux mâles territoriaux ce qui demeure inhabituel chez les antilopes. Plus classiquement, le territoire est marqué en raclant et en encornant le sol mais également par la défécation et les roulades au sol. De même, le mâle territorial se tiendra en évidence au milieu de son territoire, souvent sur une termitière ou autre point saillant du territoire, dans une posture droite et fière typique des alcéphalinés. Estes note une trentaine de comportements différents chez les mâles pour affirmer la territorialité auxquels on peut ajouter aux comportements déjà cités le fouettage de la queue ou le balancement latérale de la tête et des cornes. A l'approche d'un intrus, le mâle territorial se porte à sa rencontre en effectuant un trot en remontant exagérément ses pattes ponctué de cabrioles ("rocking canter"). Si l'intrus persiste, le mâle territorial effectue un bon latéral caractéristique en vue de présenter son profil. La confrontation peut dégénérer en combat où dans ce cas les deux gnous tombent à genoux pour se pousser mutuellement à l'aide de leurs bosses frontales et de leurs cornes. Pendant le rut, les mâles font fi des rituels de dominance et peuvent directement charger et percuter un intrus. La plupart des combats se déroulent pendant le rut ou pour conquérir un territoire. En général, les jeunes mâles en quête de territoire évitent de se confronter à un mâle territorial et établissent leur territoire en se placant à la frontière de plusieurs territoires avant de l'agrandir progressivement à l'insu des propriétaires. Avant d'acquérir un territoire, les jeunes mâles forment des hardes de célibataires vivant en marge du maillage de territoires. Les femelles signalent également leur dominance en frottant leur tête sur la croupe d'une femelle au statut inférieur mais aussi en engageant brièvement leurs cornes ou en se poursuivant. Les mâles font également de même.

On retrouve ce comportement territorial au sein des hardes migratrices à ceci près que les territoires se forment et se déforment au gré des déplacements de la harde. Les hardes migratrices sont en réalité des aggrégations fluides et temporaires de plusieurs femelles et de leurs jeunes accompagnées de plusieurs mâles matures. Lorsque la harde est en déplacement, mâles et femelles se mélangent mais dès que la harde s'arrête pour se nourrir, les mâles forment immédiatement des petits territoires temporaires dans l'espoir d'y retenir quelques femelles réceptives. Les mâles auront également tendance à prendre la tête du troupeau en présence d'un obstacle comme une rivière ou de la végétation dense et ouvriront le chemin. Les gnous effectuent des migrations pour suivre les pluies qui leur garantissent des pâturages d'herbes vertes à haute valeur nutritive. Dans l'écosystème de Mara-Serengeti, les gnous restent dans le cratère du Ngorongoro et dans le sud Serengeti de novembre à avril pendant la saison des pluies. En avril, mai la migration vers le Kenya débute en passant par le corridor ouest du Serengeti et traversent la rivière Grumeti ce qui occasionnent de nombeuses pertes en raison des crocodiles . En juin/juillet ils arrivent à la rivière Mara qui représente un obstacle encore plus conséquent en raison de ses rives escarpées, du courant et des crocodiles du Nil parmi les plus gros du continent qui attendent en embuscade. Des milliers de gnous meurent à chaque traversée en raison également des noyades et des bousculades alors qu'ils tentent d'escalader les rives escarpées. De juillet à octobre, les gnous restent au Masai Marai au Kenya avant de repartir en octobre pour le Serengeti. Il existe également des migrations de gnous en Afrique australe de moindre ampleur en raison des barrières sanitaires érigées par les éleveurs. On peut néanmoins en observer au Botswana dans le pan du Magkadikadi. 

Les gnous passent plus de la moitié de leur temps à se reposer et à ruminer et un tiers à se nourrir. Le reste du temps est dévolu aux interactions sociales. Les gnous peuvent être actifs de jour et de nuit et profitent de la pleine lune pour se nourrir.

Comportement reproducteur : Le gnou peut se reproduire toute l'année mais la période de reproduction est en général synchronisée avec la fin de la saison des pluies et le début de la migration. C'est une période d'intense compétition entre les mâles en raison de la taille réduite de leurs territoires et la proximité mutuelle qui en résulte. Chaque mâle tentera de retenir les femelles qui passent sur leur territoire et n'hésiteront pas à venir à la rencontre de mâles rivaux en cabriolant pour les intimider, les combattre et les chasser si nécessaire cela sans se nourrir ni se reposer pendant toute la période du rut. Le rut laisse les mâles exsangues. 

Le rituel d'accouplement est similaire à celui des autres antilopes mais s'en distingue également par quelques comportements propres au gnou. Une femelle en période d'oestrus se distingue en écartant sa queue sur le côté. Le mâle approche la femelle, en allongeant le coup et la tête à l'horizontale en la suivant jusqu'à ce que cette dernière urine. Le mâle teste ensuite l'urine de la femelle en retroussant les lèvres afin que les phéromones contenues dans l'urine atteignent l'organe de Jacobson situé dans le palais du mâle lui permettant de déterminer si la femelle est réceptive ou non (flehmen). Ils essaient ensuite de la monter pour s'accoupler. Si la femelle continue de se déplacer ou refuse de s'accoupler, il peut arriver au mâle de se dresser sur ses pattes postérieures afin d'exposer son pénis en érection, comportement unique au gnou.


La période des naissances est synchronisée et programmées de telle sorte qu'elles débutent deux mois avant la saison des pluies qui sont des périodes d'abondance. Elle s'étale sur trois mois. La synchronisation des naissances a pour but de diminuer l'impact des prédateurs sur les jeunes gnous. En effet, en synchronisant les naissances, les veaux sont si nombreux que les quelques pertes occasionnées par les prédateurs nombreux permettent à la plupart d'entre eux de survivre. Ces derniers sont par ailleurs particulièrement visibles dans les milieux ouverts que les gnous affectionnent. Leur multitude a donc un effet dissuasif et déroutant pour les prédateurs. Les populations de gnous sont donc limitées par la disponibilité des ressources alimentaires et non par les prédateurs.

La période de gestation varie entre 240 et 255 jours. La mère s'isole pour mettre bas mais le petit est capable de suivre sa mère dans les 5 à 6 minutes qui suivent la naissance. La mère reconnait son petit à l'odeur mais ces derniers se perdent souvent. Au bout de neuf mois à un an, la plupart des veaux se regroupent entre eux dans des crèches mais certains continuent de suivre leur mère avec laquelle le lien reste for
t. 

Prédateurs : Les lions et les hyènes tachetées sont les principaux prédateurs des adultes et leur proie la plus commune pour les deux espèces. Les lycaons en meute et les coalitions de guépards mâles s'en prennent également régulièrement aux gnous adultes. Les léopards et guépards solitaires sont en revanche des prédateurs occasionnels des adultes. Bien que capables de mettre à terre à gnou adulte, surtout dans le cas du léopard, un guépard solitaire ou un léopard préfèreront le plus souvent se rabattre sur les subadultes ou les jeunes qui offrent moins de résistance et de risque de blessure pour un chasseur solitaire. Les gnous ne sont pas aussi passifs que le représentent les documentaires animaliers face aux prédateurs. Impuissants face à un lion même seul, ils n'hésiteront pas à faire face à un guépard ou une hyène solitaire voire un léopard. Les femelles gnous défendent vaillamment leurs petits même contre l'assaut d'une meute de hyènes tachetées ou de lycaons meme si ses efforts sont souvent futiles face à un groupe de prédateurs. Elles auront en revanche plus de succès face à une hyène solitaire, un léopard ou un guépard. Les crocodiles du Nil sont également des prédateurs importants du gnou. Les jeunes sont la proie de tous les grands félins, des hyènes et même des chacals.

Meilleurs endroits pour l’observer: Les gnous s'observent facilement dans les grandes plaines de l'Afrique de l'Est surtout dans le Masai Mara (Kenya) et le Serengeti/Ngorongoro (Tanzanie) lors de la migration. Les gnous sont également présents dans la plupart des réserves d'Afrique australe mais les densités sont moindres, ils s'observent néanmoins fréquemment et sans difficulté.