LE GUIB HARNACHÉ

Le guib harnaché est une antilope de fourrés de la taille d'un chevreuil et qui appartient à la famille des tragélaphinés (antilopes à cornes spiralées). C'est l'antilope africaine ayant l'aire de répartition la plus vaste puisqu'on trouve le guib harnaché du Sénégal à l'Afrique du Sud en passant par l'Afrique orientale. Il est revanche absent au Sahara et dans le bassin du Congo. Il est également rare au Sahel. En raison de son aire de répartition étendue, on dénombre pas moins de huit sous-espèces de guib harnaché qui peuvent être regroupés en deux groupes: le groupe scriptus qui comprend les guibs d'Afrique de l'Ouest et Centrale qui sont plus colorés et présentent plus de rayures verticales et longitudinales assez distinctes sur les flancs et le groupe sylvaticus qui regroupe les guibs d'Afrique de l'Est et australe qui sont plus sombres et avec des rayures plus éparses et parfois absentes. Plus on descend vers le sud, plus la couleur des pelages s'assombrit et les rayures sur les rayures sur les flancs se raréfient ou sont absentes. Le guib harnaché d'Afrique de l'Ouest (Tragelaphus scriptus) a un pelage rougeâtre assez vif avec des rayures blanches verticales et horizontales sur les flancs très marquées alors que le guib harnaché de Menelik (Tragelaphus meneliki) d'Afrique de l'Est ou le guib harnaché du Cap (Tragelaphus sylvaticus) ont un pelage beaucoup plus sombre avec des rayures peu marquées ou absentes.  Seul le mâle possède des courtes cornes.


Guib harbaché du Cap (Sabi Sand, Afrique du Sud)                                                     Guib harnaché de Menelik (Montagnes du Bale, Ethiopie)

                                                   
                                                                                 Guib harnaché de Chobe (Chobe, Botswana)                                 

CARACTERISTIQUES MORPHOLOGIQUES

Longueur: 110-165 cm

Hauteur au garrot: 61-130 cm

Poids: M= 40-80 kg ; F= 25-60 kg

ECOLOGIE

Habitat: Très adaptable, on trouve les guibs dans une variété de milieux boisés allant des forêts galleries aux fourrés en passant par la savane arborée, le miombo, les marais. Ils évitent en revanche les milieux ouverts comme les savanes d'herbes rases, les steppes, les plaines, les déserts. On ne les trouve pas non plus dans la forêt équatoriale humide. Les guibs harnachés ne sont jamais éloignés d'une source d'eau permanente.

Nourriture : Phyllophage essentiellement. Les guibs se nourrissent également de fruits, de bourgeons notamment d'acacia, d'arbuste ou de divers plantes buissoneuses, de légumineuses et de fleurs. Ils sont friands de jeunes pousses de feuilles vertes. Les plantes pauvres en fibres ont la préférence du guib harnaché. Les guibs harnachés s'associent souvent aux babouins afin de récupérer les fruits que ces derniers font tomber au sol. Cette association qui peut paraître contre-nature dans la mesure où les baboins peuvent s'attaquer aux jeunes guibs permet un repérage précoce des prédateurs.

Comportement social : Les guibs harnachés sont généralement solitaires comme beaucoup d'antilopes vivant en milieux forestier comme les céphalophes. Toutefois ils ne sont pas associaux. Il n'est pas inhabituel de voir des regroupements d'une dizaine d'individus lorsque les ressources alimentaires sont abondantes. Il est également fréquent de voir les guibs en couple.

Pour une majorité d'auteurs, le guib harnaché n'est pas un animal territorial ce qui le distingue là encore d'autres antilopes de forêt comme les céphalophes mais cet aspect de l'écologie du guib harnaché reste débattu. Selon une étude menée par Wronski et al. en Ouganda, les femelles sont organisées en clans matrilinéaires défendant un domaine vital comprenant plusieurs femelles apparentées contre les femelles étrangères. Les femelles vivent toutefois en solitaires au sein de ce domaine vital commun dans ce que l'on appelle une zone exclusive mais ne montrent pas de comportements hostiles lorsqu'elles rencontrent leurs congénères. Les domaines vitaux de plusieurs femelles se chevauchent.  

Les domaines vitaux des mâles en revanche ne se chevauchent et peuvent être considérées comme des zones exclusives qui sont marquées par frottement du front ou par la destruction de la végétation alentour à l'aide des cornes. Les guibs harnachés peuvent également signaler leur présence en se tenant en évidence sur un point élevé à la manière des damalisques et des bubales qui sont des antilopes territoriales. Certains zoologues comme Apio et Wronski y voient un signe de territorialité. Pourtant, il ne semble pas que les guibs harnachés mâles défendent activement leur territoire à l'encontre d'autres mâles, la défense du territoire étant le critère principal pour définir la territorialité dans le règne animal et en particulier chez les antilopes. Lorsque deux mâles se rencontrent, ils présentent leur profil, courbent l'échine et dressent leur crête dorsale érectile. Ils peuvent également effectuer une marche de parade tête haute et pattes tendues. En cas de combat, les mâles baissent la tête avant d'entrelacer leurs cornes en tentant de lacérer le flanc de l'adversaire. Ces combats peuvent avoir une issue fatale, les cornes étant à la fois courtes et pointues. Les jeunes mâles sont souvent chassés de la zone exclusive des mâles plus âgés. On a également considéré pendant un temps qu'il existait une hiérarchie au sein des guibs harnachés mâles basées sur l'âge mais il semble que ce ne soit pas le cas.

Les guibs sont des animaux passent près de 40% de leur temps à se nourrir, 50% à se reposer dans le couvert végétal et 12% à se déplacer (Waser, voir aussi Estes). Ce sont des animaux aussi bien diurnes que nocturnes.

Reproduction : Les guibs se reproduisent toute l'année. La gestation varie de 6 à 7 mois. Le faon reste caché dans la végétation dense pendant plusieurs mois avant de la suivre dans ses déplacements. La parade nuptiale du guib harnaché est plus ou moins semblable à celle des autres antilopes. Le mâle teste l'urine de la femelle afin de s'assurer de sa réceptivité. Pour ce faire, il la suit coup tendu à l'horizontal et tente de poser sa tête pour l'inciter à uriner. La femelle utilise une posture accroupie caractéristique pour uriner.

Prédateurs: Les guibs sont la proie de tous les grands prédateurs et plus particulièrement des léopards qui affectionnent les biotopes fréquentés par les guibs. Les lycaons, les hyènes tachetées, les lions, les pythons et les crocodiles chassent aussi les guibs. Pour se protéger, les guibs enploient une technique singulière. Ils restent immobiles dans les fourrés et peuvent même s'applatir au sol afin de passer inaperçus. S' ils sont repérés, ils plongent dans les fourrés. On a vu des lions passés à côté de guibs immobiles sans pouvoir les détecter. Les jeunes sont également la proie des babouins, des chimpanzés, des ratels, des caracals, des servals, des chacals et des rapaces.

Meilleurs endroits pour l’observer: Le guib est répandu dans pratiquement toute l'Afrique subsaharienne et est présent dans la plupart des réserves africaines. Toutefois il est difficile à observer en raison de ses meurs cryptiques.