L'HIPPOPOTAME COMMUN

L'un des plus gros mammifères terrestres après l'éléphant et le rhinocéros. L'hippopotame est un animal encore répandu dans la plupart des cours d'eau d' Afrique subsaharienne même si son aire de répartition s'est particulièrement contractée en Afrique de l'Ouest notamment. 

L'Hippopotame commun ne doit pas être confondu avec l'hippopotame pygmée inféodé aux forêts tropicales d'Afrique de l'Ouest. Les deux espèces diffèrent non seulement en apparence mais également dans leurs moeurs. L'hippopotame nain pèse 300 kg en moyenne alors que contre 3 t pour les plus gros specimens d'hippopotame commun soit près de 10 fois plus. Par ailleurs, l'hippopotame nain est un animal solitaire qui mène une existence discrète au sein de la forêt dense (Robinson , Flacke & Hentschel) à l'inverse de l'hippopotame commun à l'instinct grégaire qui est un animal de savane. L'hippopotame nain est par ailleurs moins porté vers l'élément liquide que l'hippopotame commun aux moeurs amphibies.

Hippopotame femelle et petit (Moremi, Botswana)

MENSURATIONS

Longueur : 290-505 cm

Hauteur à l'épaule : 150-165 cm

Poids: F= 500-2500 kg (1400 kg in average) ; M= 650-3200 kg (1500 kg in average)

ECOLOGIE

Habitat: Les hippopotames sont ultra dépendants de l'eau pour des raisons de thermorégulation et sont donc susceptibles d'investir n'importe quel étendue d'eau douce: fleuve, lac rivière, marais, marécage, mare de boue. On le trouve même parfois dans les estuaires comme celui de Ste Lucie en Afrique du Sud où il s'aventure parfois en mer. L'hippopotame étant principalement herbivore, il est important que l'étendue d'eau au sein de laquelle il a établit son territoire soit proche d'étendues herbeuses (savanes, prairies) où il peut aller brouter à la tombée de la nuit et au petit matin. On le trouve aussi dans les forêts galleries et parfois dans des milieux à la végétation plus dense comme la forêt équatoriale si des étendues d'herbes sont présentes (Ouganda, République Démocratique du Congo) à proximité.

Nourriture: L'hippopotame est principalement herbivore mais peut se montrer phyllophage à l'occasion (15% selon Cerling). Les plantes herbacées constituent la part la plus importante de leur régime alimentaire mais également les plantes fibreuses, les fruits tombés des arbres. Leurs larges gueules ne leur permettent pas d'être sélectifs et de larges quantités d'herbes sont ingérées à chaque bouchée. Les lèvres préhensiles leurs permettent de se saisir même des herbes rases. 
Les hippopotames comme les éléphants ont un impact sur leur environnement. Lorsqu'ils sont en forte densité, ils réduisent la surface disponible de pâturage réduisant ainsi les risques d'incendie. A terme, la densité des hippopotames diminuera également en raison de la disparition des plantes dont ils se nourrissent permettant à des herbes hautes et des buissons de coloniser les espaces qui ont été broutés par les hippopotames favorisant les incendies qui détruiront cette végétation dense et buissoneuse au profit d'herbes courtes dont se nourrissent les hippopotames et autres herbivores dont les densités augmenteront en conséquence. L'action des hippopotames est donc bénéfique pour certains herbivores comme les cobes defassa à condition qu'ils ne soient pas présents en trop forte densités ce qui aurait pour effet de monopoliser les ressources alimentaires à leur profit au détriment des cobes (Spinage).  Dans l'Okavango, les hippopotames permettent la création de canaux et la circulation de l'eau ce qui bénéficie à d'autres espèces. Enfin, c'est un fertilisateur des rivières et des lacs à travers la dispersion de ses fèces qui contiennent des graines et germes propices à la végétalisation de l'écosystème. 

En dépit de ses longues canines, l'hippopotame n'est pas carnivore même s'il lui arrive de tuer des antilopes comme les gnous et les impalas. Il est difficile de connaître la raison de ce comportement dans la mesure où le système digestif de l'hippopotame n'est pas adapté au régime carné. Il est fort probable qu'il s'agisse d'un mécanisme de défense si l'antilope s'est aventurée sur le territoire de l'hippopotame par inadvertance. Il se peut également qu'en se repaissant d'animaux morts, il comble le déficit en minéraux de son régime alimentaire. 

 

Comportement et structure sociale : La structure sociale de l'hippopotame varie selon qu'il est à terre ou dans l'eau. Dans l'eau, où il passe le plus clair de son temps, l'hippopotame est grégaire. Une harde d'hippopotames peut compter ue vingtaine de membres jusqu'à une centaine d'individus qui dans l'eau peuvent être en étroit contact et même se coller aux uns aux autres notamment en saison sèche lorsque les étendues d'eau se rétrécissent. 

La harde est dominée par un mâle territorial qui sera dominant sur tous les individus de la harde présente sur son territoire. Ces territoires sont constituées par des sections de rivière et des rivages correspondant qui s'étendent de 50 à 100m de long voir plus (250-500m) s'il s'agit de lacs (Estes; Klingel). Le mâle territorial dispose d'un droit exclusif de reproduction au sein de ce territoire même si cela ne le met pas à l'abri d'être défié par un autre mâle. Il semble que la hiérarchie chez les hipopotames soit déterminée par la taille et la force physique. Les mâles territoriaux sont en général capables de garder leur territoire pendant de nombreuses anées ( de 4 à 8 ans) et n'en sont délogés que par la force. Le territoire est marqué à l'aide la dispersion des fèces et de l'urine en remuant la queue. Les fèces n'indiquent pas les limites du territoire mais donne plutôt des indications sur le statut de celui qui les émet et permet d'orienter l'animal territorial et les membres de sa harde qui y ajoutent eux même leurs fèces lorsqu'ils entrent et sortent de l'eau. Le territoire est également marqué par la présence même du mâle territorial qui emploirera un comportement ritualisé pour s'affirmer. Parmi les nombreux comportements et postures qui expriment la dominane et la territorialité, le baillement avec l'exposition des impresionnantes canines, le rugissement, l'exhalation exagérée, le balancement de la tête, le grognement et parfois même les morsures. Ces postures sont souvent employées lorsque deux mâles territoriaux voisins sont en présence l'un de l'autre à la frontière de leurs territoires respectifs. Les deux mâles vont tous les deux disperser leurs fèces en remuant frénétiquement la queue tout en marchant en parallèle l'un de l'autre en maintenant leur tête haute. Lorsqu'un mâle territorial quitte son territoire, il perd automatiquement son statut et se comporte de manière soumise envers le mâle sur le territoire duquel il pénètre. Un mâle territorial tolère les autres mâles à condition qu'ils montrent leur soumission en adoptant là encore un répertoire spécifique de postures. La soumission est exprimée par l'individu au statut inférieur en faisant face à l'individu dominant gueule légèrement entrouverte et s'il est attaqué en tournant casaque tout en remuant lentement la queue ou en s'allongeant. Il peut arriver que le mâle dominant répande ses fèces sur la tête ou le dos d'un mâle soumis. 

En dehors des mâles territoriaux, une harde des hippopotames se divise en deux groupes : les crèches composées des femelles et de leurs petits et les groupes de mâles célibataires. Ces deux groupes peuvent se mélanger. Les groupes de mâles célibataires regroupent des mâles subadultes et adultes qui n'ont pas de statut reproducteur tolérés par le mâle dominant pourvus qu'ils lui restent soumis. Ces derniers joutent souvent entre eux mâchoires contre mâchoires. Les hippopotames sont des animaux agressifs et les combats ne sont pas rares. Les confrontations les plus sérieuses ont lieu lorsque le mâle territorial est défié par un mâle étranger ou de force équivalente. S'ils sont dans l'eau, les protagonistes émergent et se percutent violamment machoires contre machoires et essaient de se mordre jusqu'à ce que l'un des combattants rompent l'engagement et s'enfuient. Les affrontements peuvent se dérouler sur la terre ferme après parfois de longs rounds d'observation où les deux rivaux se font face gueule ouverte. Les combattants finissent souvent en sang et il arrive que l'issue du combat soit fatale à l'un des combattants. Les crèches permettent aux femelles d'assurer une meilleure protection de leurs petits pour éviter qu'ils ne soient écrasés ou noyés voir attaqués et tués par les mâles et notamment par le mâle territorial. L'infanticide étant particulièrement répandu chez l'hippopotame probablement en vue d'augmenter les chances d'accouplement. Les mères n'hésitent pas à joindre leur force même contre le mâle dominant pour défendre leurs petits.

Lorsque les hippopotames rejoignent la terre ferme pour brouter, ils deviennent associables et solitaires. Chacun part de son côté pour brouter autant qu'il le peut et le plus rapidement possible. Les hippopotames broutent de nuit jusqu'à 5 heures d'affilées avant de rejoindre l'eau avant la levée du jour. Les hippopotames sont actifs la nuit afin de protéger leur peau sensible du soleil et de la chaleur.

Comportement reproducteur : Les hippopotames se reproduisent toute l'année mais dans certaines régions comme en Ouganda on note des pics de natalité durant la saison des pluies. Le mâle dominant renifle la croupe des femelles qui réagissent parfois agressivement. Le mâle est donc très précautionneux et n'hésite pas à adopter un comportement de soumission si les femelles réagissent agressivement. Lorsqu'une femelle en oestrus est repérée, il la poursuit. La femelle réagit agressivement et peut présenter ses mâchoires au mâle. Lorsque ce dernier parvient à la soumettre, l'accouplement peut débuter. La tête de la femelle est submergée pendant l'accouplement.

La femelle s'isole pour mettre bas après une gestation de 240 jours. Le petit pèse 50 kg à la naissance. Pendant les dix premiers jours, la mère et le petit s'isolent et la femelle le défend férocement contre tout prédateur potentiel et tous les autres membres de la harde. Après plusieurs semaines, le petit suit sa mère dans l'eau où il rejoint les crèches. Le petit peut têter sa mère dans l'eau.

Prédateurs: Les adultes n'ont pas ou peu de prédateurs. Seule une troupe de lions très déterminée peut venir à bout d'un hippopotame adulte. Pour ce faire, les félins sautent sur le dos de l'animal et le saignent en le mordant à plusieurs endroits jusqu'à temps qu'il sépuise. Les hippopotames sont des proies extrêmement difficiles pour les lions et il est déjà arrivé qu'un lion soit tué par un hippopotame. Les crocodiles du Nil, ce quelque soit leur taille, ne représentent aucun danger pour un hippopotame adulte qui sera dominant. Les hippopotames adultes peuvent occasionnellement être tués par des éléphants et il existe un cas répertorié où un hippopotame adulte a été tué par un troupeau de buffles. Inversement, les hippopotames étant particulièrement aggressifs, ils peuvent parfois s'attaquer aux éléphants et au rhinocéros qui les dérangent sans qu'il y ait d'issue fatale. 

Les petits hippopotames sont en revanche la proie des crocodiles du Nil, des lions, des hyènes tachetées et des léopards s'ils sont laissés sans surveillance.

Meilleurs endroits pour l'observer: Les hippopotames peuvent s'observer dans pratiquement toutes les réserves d'Afrique qui possèdent des cours d'eau. Ce sont des animaux faciles à observer, le réel challenge étant de les voir hors de l'eau dans la mesure où ils ne sortent que la nuit. Quelques réserves sont connues pour avoir de plus grandes populations qu'ailleurs comme la réserve de Murchison Falls et de Queen Elizabeth (canal Kazinga) en Ouganda, Katavi et Selous en Tanzanie et South Luangwa en Zambie.