L'ORYX BEISA (Oryx beisa)

L'oryx est une antilope inféodée aux milieux arides et secs et aux déserts reconnaissable à ses longues cornes droites et effilées. Proche de son cousin le gemsbok qui est sensiblement plus gros, l'oryx beisa vit principalement en Afrique de l'Est. C'est un membre de la famille des hippotraginés (antilopes chevalines) qui comprend notamment l'hippotrague noir et l'hippotrague rouan. Comme bon nombre d'antilopes des milieux arides, l'oryx dispose d'un système de régulation thermique qui maintient la température de son cerveau à quelques degrés de moins que sa température corporelle. Les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau sont préalablement refroidis par un système de refroidissement situé dans le museau. Sa température interne peut monter jusqu'à 45° alors qu'une température de 42° est mortelle pour la plupart des mammifères.

L'oryx beisa ne doit pas être confondue avec sa proche cousine, l'oryx à oreilles frangées (Oryx callotis) qui était autrefois considérée comme une sous-espèce mais aujourd'hui considérée comme monotypique. L'oryx à oreilles frangées se trouve dans les milieux arides et les savannes buissoneuses et steppes épineuses du sud-est du Kenya (Tsavo) et du nord-est de la Tanzanie (Mkomazi jusqu'à la région des plaines arides du Salei à l'est du Serengeti). Elle se distingue de l'oryx beisa par les pinceaux de poils à l'extrêmité de ses oreilles et sa robe plus foncée. 

L'oryx beisa a une aire de répartition beaucoup plus vaste que l'oryx à oreilles frangées du nord Kenya, à l'Erythrée en passant par l'Ethiopie, Djibouti et la Somalie. 

Oryx beisa (Awash, Ethiopie)

CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES

Longueur: 150-170 cm

Hauteur au garrot: 110-120 cm

Poids: F= 116-188 kg ; M= 167-210 kg

ECOLOGIE

Habitat : Parfaitement adaptée aux conditions désertiques, l'oryx beisa est inféodée aux milieux les plus arides de l'Afrique orientale. On peut la trouver autant aussi bien dans des plaines rocheuses et zones dépourvues d'eau aux savanes. On la trouve également fréquemment dans les savanes à épineux et arbustives sèches. Elle évite en général les plaines d'herbes hautes.

Nourriture : L'oryx est une antilope éclectique mais se nourrit principalement de plantes herbacées coriaces et courtes. Elle préfère les herbes vertes riches en protéines mais peut également se contenter d'herbes sèches. Elle peut également se nourrir  de feuilles d’acacia et de buissons, racines surtout pendant la saison sèche. Elle se nourrit aussi de fruits comme les melons du désert. Elle se peut se passer d’eau pendant de longues périodes. Selon le zoologue R.D.Estes, l'oryx n'a besoin que de trois litres d'eau pour une centaine de kg par jour.

Comportement : L'oryx est un animal grégaire dont la structure sociale est assez souple en raison de son nomadisme et du milieu dans lequel elle vit. On distingue plusieurs structures sociales différentes.

La plus courante est certainement les hardes mixtes pouvant compter plusieurs dizaines d'individus. Une hiérarchie linéaire stricte linéaire existe au sein de chaque sexe basée sur l'âge et l'ancienneté de l'appartenance à la harde. Il existe en général au sein d'une harde mixte un mâle alpha dominant non seulement les autres mâles mais également les femelles. Le mâle alpha se situe souvent en arrière du troupeau et coordonne les mouvements de la harde. Il existe également un femelle dominante en tête du troupeau. En dehors du mâle alpha, les autres mâles présents dans la harde ne sont pas reproducteurs et ont un statut inférieur aux femelles de la harde. Ces hardes sont relativement stables. Les femelles étrangères à la harde sont souvent repoussées alors que les mâles étrangers sub-adultes sont plus volontiers acceptés. Très étrangements les hardes mixtes ne comptent peu ou pas de jeunes. Ces derniers se rassemblent plutôt dans des crèches à l'instar des jeunes élands du Cap. Les hardes de mâles célibataires existent mais sont relativement rares chez l'oryx.

En dehors des hardes mixtes nomades qui sont plus courantes en milieux ouvert, on retrouve dans les milieux fermés et mésiques des hardes plus petites structurées autour de plusieurs femelles et de leurs petits accompagnée d'un mâle territorial. Il s'agit le plus souvent de hardes sédentaires vivant à proximité d'une source d'eau permanente. Le mâle territorial marque son territoire de ses excréments en adoptant une posture spécifique aux oryx et que l'on retrouve chez l'addax qui consiste à s'accroupir de manière exagérée pour déféquer. Il peut arriver que des hardes mixtes comprenant plusieurs mâles et un mâle alpha traversent le territoire d'un mâle solitaire. Dans cette hypothèse, il semble que ce dernier reste dominant et que les interactions avec les autres mâles demeurent paisibles surtout si aucun femelle en oestrous n'est présente.

La dominance chez le mâle s'exprime à travers diverses postures destinées à renforcer la hiérarchie et ainsi éviter les combats. L'une des postures les plus courantes et la posture droite tête inclinée dans la direction opposée à l'adversaire de telle sorte que la pointe des cornes droites, longues et effilées soient dirigées dans la direction de la tête de l'adversaire. Le mâle dominant peut également maintenir ses cornes droites en hochant la tête par intermittence. Le mâle subordonné répond en baissant la tête menton rentré. Les combats sont rares mais spectaculaires. Ils se produisent en général entre mâles de statut équivalent qui se disputent une femelle en période d'oestrus ou l'accès à un point d'eau. Dans le cadre d'un combat, les mâles entrechoquent la base de leurs cornes ou essaient de donner des coups en diagonale avec la face avant de leurs cornes. Ils peuvent également se tenir tête bêche et essayer de s'embrocher avec la pointe de leurs cornes en donnant des coups ves l'arrière par dessus leur épaule. Malgré la puissance de l'oryx et la dangerosité des cornes effilées, les issues fatales restent rares. 

Reproduction : Les oryx se reproduisent tout au long de l'année. La période de gestation varie entre 265 et 300 jours avec une moyenne de 210 jours selon le zoologue Kingdon. La parade nuptiale précédant l'accouplement est sensiblement la même que chez les autres antilopes mais diverge par certains aspects. L'approche est différente. Le mâle effectue des cercles autour de la femelle en posture droite pendant que celle ci adopte une posture de soumission en baissant la tête. La femelle laisse rarement le mâle approcher frontalement et peut le repousser. Cette dernière finit par s'accroupir et uriner. Le mâle recueille l'urine à travers la posture du flehmen (Le mâle recueille l'urine dans ses narines et ouvre la gueule pour permettre aux molécules contenues dans l'urine d'entrer en contact avec l'organe de Jacboson situé dans le palais de l'animal qui va permettre d'analyser la réceptivité de la femelle). Si la femelle est réceptive, le mâle effectue le laufschlag (coup de patte antérieure tendue en direction des pattes postérieures de la femelle) avant de procéder à l'accouplement.

La femelle s'isole pour mettre au bas mais est souvent suivie par le mâle dans la mesure où elle est immédiatement réceptive suivant la période post-partum. Le faon reste caché, immobile dans la végétation pendant trois à six semaines. Sa mère lui rend viste régulièrement pour lui permettre de têter jusqu'à trois fois par jour. Les faons suivent ensuite leurs mères qui peuvent se regrouper pendant quelques mois avec d'autres femelles ayant des jeunes. Ces derniers rejoignent ensuite des crèches gardées par quelques femelles ou non. 

Prédateurs: Les lions sont les principaux prédateurs des adultes. Les meutes de hyènes tachetées et de lycaons sont également des prédateurs fréquents. Les léopards, en particulier les mâles, et les coalitions de guépards mâles sont également capables de terrasser un oryx beisa adulte mais prennent rarement le risque. Ils prefèrent se rabattre sur les subadultes ou les jeunes qui sont moins dangereux. Les oryx ont effectivement la réputation de se défendre vaillament. Si comme la plupart des antilopes, elles recherchent leur salut dans la fuite; une fois acculées, elles se défendent vaillament. Il existe au moins un cas avéré au Kenya où un lycaon a été retrouvé embroché par un oryx qui a lui même fini par être terrassé par la meute. On cite souvent le cas de lions ou de léopards embrochés par un oryx mais il semble que cela reste plus de l'ordre de la légende. Les crocodiles du Nil sont également des prédateurs potentiels de l'oryx. Les jeunes sont chassés par tous les grands carnicores de la savane africaine et par les chacals.

Meilleurs endroits pour l’observer: L'oryx se voit rarement en safari car on le trouve principalement dans des réserves peu visitées ou en dehors des circuits traditionnels. Néanmoins, il est très commun dans la réserve de Samburu au Kenya. On le retrouve également dans le Tsavo et à Meru à des densités plus faibles.  Les oryx beisa s'observent très facilement dans le parc de l'Awash en Ethiopie.