ZÈBRE DES PLAINES

Le zèbre des plaines est l'un des ongulés les plus fréquemment observés dans les savanes d'Afrique orientale et australe. Il ne faut pas confondre le zèbre des plaines avec deux autres espèces de zèbres que sont le zèbre de Grévy et le zèbre des montagnes. Le zèbre de Grévy (Equus grevyi) est le plus grand ongulé sauvage au monde. Il diffère du zèbre des plaines par son plus grand gabarit, des rayures beaucoup plus nombreuses et plus fines et des oreilles rondes beaucoup plus grandes. Leurs modes de vie sont par ailleurs très différents puisque le zèbre de Grévy est territorial à la différence du zèbre des plaines aux moeurs nomades dont la structure sociale est centrée autour d'un étalon et de son harem de femelles. Les zèbres de Grévy ont une aire de répartition limitée au sud de l'Ethiopie et au nord du Kenya où ils sont parfois sympatriques avec les zèbres des plaines. Une autre espèce de zèbres est le zèbre de montagne (Equus zebra) qui est légèrement plus gros que le zèbre des plaines et qui se distingue par son goitre que l'on ne trouve pas chez les deux autres espèces précédentes. Le zèbre de montagne a une aire de répartition très localisée l'on trouve les zones montagneuses et arides du sud de l'Angola et du nord de la Namibie. Il existe également une population dans la région du Cap. 

On dénombre par ailleurs 5 sous-espèces de zèbres des plaines qui se distinguent les unes des autres par la disposition de leurs rayures et qui se déclinent elles-mêmes en plusieurs variantes. Ces sous-espèces incluent le zèbre de Burchell (Equus quagga burchelli) que l'on trouve en Afrique autrale au sud du Botswana, en Namibie et en Afrique du Sud qui se distingue par ses rayures brunes intercalées entre les rayures noires. Le zèbre de Chapman (Equus quagga chapmani) est la sous-espèce la plus grosse avec des rayures qui descendent jusqu'aux sabots avec des rayures brunes intercalées entre les rayures noires. C'est une sous-espèce que l'on trouve surtout en Afrique du Sud, au nord du Zimbabwe et au Botswana ,dans le sud de l'Angola et en Namibie. Plus au nord, on trouve le zèbre de Boehm (Equus quagga boehmi) ou zèbre de Grant qui est la sous-espèce la plus petite avec des rayures relativement larges qui descendent jusqu'aux sabots. Son aire de répartition s'étend de l'ouest de la Zambie jusqu'en Ethiopie en suivant la vallée du Rift en passant par la Tanzanie, le Kenya et l'ouest de l'Ouganda et le sud-est de la République Démocratique du Congo. Deux sous-espèces ont des aires de répartition très limitées à l'instar du zèbre à demi-crinière (Equus quagga borensis) très proche en apparence du zèbre de Boehm mais qui s'en distingue par sa crinière très courte ou quasi absente et un gabarit sensiblement plus élevé. C'est une sous-espèce que l'on trouve au Kenya aux alentours du Lac Baringo mais également en Ouganda et au sud-est du Soudan. Enfin, le zèbre de Crawshay est une sous-espèce assez grande qui se distingue par ses rayures nombreuses et très fines qui se rencontrent au niveau du ventre. C'est une sous-espèce que l'on observe relativement facilement dans la vallée de la Luangwa en Zambie, au sud-est de la Tanzanie et au Malawi. 


Zèbre de Chapman (Moremi, Botswana)

MENSURATIONS (variables selon les sous-espèces)

Longueur : 220-246 cm

Hauteur au garrot : 127-140 cm

Poids : F= 175-250 kg ; M= 250-300 kg

ECOLOGIE

Habitat : Savanes herbeuses, plaines dépourvues d'arbres, savanes arborées, bush, mosaiques de fourrés et de prairies, forêts de miombo. L'eau reste un élément indispensable à son habitat.

Nourriture : Les zèbres sont des herbivores stricts. 90% de leur régime alimentaire est constitué de plantes herbacées dont plus de 50 variétés ont été recensées dans leur régime alimentaire (Smuts). Les zèbres sont peu sélectifs et se nourrissent des espèces d'herbes les plus communes et les plus accessibles. Leur système digestif est moins évolué que celui des bovidés mais le passage des aliments est en revanche plus rapide permettant aux zèbres d'ingérer de grande quantité de nourritures en peu de temps compensant ainsi la faible valeur nutritive des herbes dont ils se nourrissent. C'est notamment le cas en saison sèche où les zèbres se nourrisent de plantes fibreuses difficiles à digérer pour les autres herbivores.  Les zèbres jouent un rôle majeur dans la mesure où ils se nourrisent des herbes les plus hautes qu'ils raccourcissent pour les espèces se nourrisant d'herbes plus courtes comme les gazelles et les gnous. Ceci explique pourquoi les gnous et les zèbres sont souvent observés ensemble. Les premiers bénéficiant de la présence des seconds. Les zèbres sont dépendants de l'eau et leurs aires de paturâges sont souvent localisées à proximité d'un point d'eau.

Comportement et structure sociale : La structure sociale de base est celle du harem composée d'un étalon dominant et de plusieurs femelles et de leurs jeunes. Il existe une hiérarchie au sein de ces harems sur lesquels l'étalon exerce une domination absolue. Derrière l'étalon, il y a la femelle alpha qui prend toujours la tête du groupe suivie par les autres femelles selon le rang qu'elles occupent dans la hiérarchie. La femelle ayant le rang le moins élevé occupe la dernière place de la queue. La hiérarchie entre les femelles est déterminée par des brefs combats à coup de dents ou de sabots. L'étalon se place également en arrière du troupeau pour protéger la troupe contre les autres étalons et les prédateurs. La femelle alpha décide des déplacements et des activités du harem bien qu'il puisse également arriver à l'étalon de décider des mouvements de la troupe. 

Les zèbres des plaines ne sont pas territoriaux et errent au sein de domaines vitaux dont la superficie moyenne se situe entre 400 et 600 km2 (Klingel), parfois moins si les ressources alimentaires sont plus abondantes et perennes comme dans le Kruger en Afrique du Sud ou le Ngorongoro en Tanzanie. Les zèbres des plaines sont plutôt diurnes et passent la majeure partie de la journée à brouter soit la moitié de leur temps. Le reste du temps est consacré au repos et aux déplacements. Avant la nuit tombée, ils se regroupent dans des espaces ouverts pour passer la nuit pendant laquelle ils se déplacent très peu et dorment à intervalles réguliers. Ils broutent parfois la nuit. 

Les zèbres sont solidaires entre eux et vont à la recherche des membres du troupeau égarés et viennent en aide à l'un des leurs s'ils sont en détresse ou attaqués par des prédateurs. Ils s'épouillent mutuellement notamment dans la région du cou et des épaules renforcant d'autant plus les liens entre les membres du troupeau. L'épouillage se fait entre l'étalon et certaines juments et entre la jument et son poulain. Etrangement, les femelles s'épouillent peu entre elles. Les contacts naseaux contre naseaux sont également fréquents pour renforcer les liens entre tous les membres. Les zèbres des plaines ont également des rituels pour maintenir la cohésion au sein du groupe notamment autou des latrines où chaque membre dépose ses fèces tout en effectuant le flehmen après avoir reniflé la pile de déjections.

A l'adolescence, les jeunes mâles quittent volontairement le troupeau et se regroupent avec d'autres jeunes mâles au sein de groupes de célibataires pouvant inclure jusqu'à  une quinzaine de mâles jusqu'à temps qu'ils constituent leurs propres harems. Pour ce faire, le jeune étalon doit enlever une jeune jument d'un troupeau ce qui peut l'amener à entrer en confrontation avec l'étalon dominant et le père de la jeune jument. Si l'attention de jeunes étalons envers les jeunes juments d'un harem sont persistants et trop fréquents, l'étalon dominant finit par se fatiguer ce qui est mis à profit par les jeunes étalons pour enlever la jument et ainsi constituer son harem. Pour autant, même si un jeune étalon parvient à enlever une jeune jument, il se peut que cette dernière soit à nouveau enlevée par un autre étalon. L'enlèvement de juments par de jeunes étalons occasionnent des combats rituels qui peuvent s'avérer violents avec l'étalon et le père de la jument. Au cours des ces combats, les deux mâles côte à côte se mordent le cou et la tête ou se cabrent pour se donner des coups avec leurs pattes antérieures et ruer. Si le combat se poursuit, les deux combattants peuvent finir à genoux et tenter mutuellement de saisir le jarret de la patte postérieure. Si l'un des deux mâles parvient à se saisir du jarret de l'autre, il ne lâche plus jusqu'à ce le mâle finisse par s'allonger sur le flanc terrassé et immobile. Pour autant cela ne marque pas forcément la fin du combat. Les combats peuvent également être occasionnés par une femelle en chaleur. Les étalons dominants ne sont pas chassés de leur harem. Lorsque les étalons dominants perdent leur condition physique, un étalon plus jeune non membre de la troupe finit par le repérer et à suivre le troupeau dans ses déplacements avant d'en prendre subrepticement le contrôle et devenir l'étalon dominant. L'ancien étalon s'efface et peut finir sa vie en solitaire. Il faudra plusieurs semaines au nouvel étalon pour se faire accepter par les femelles. A la manière des lions, le nouvel étalon peut pratiquer l'infanticide en faisant avorter une femelle enceinte ou en tuant un nouveau-né.

Comportement reproducteur : Les zèbres des plaines se reproduisent toute l'année. Lorsqu'elle est en oeustrus, la jument adopte une expression faciale caractéristique, maintient ses pattes postérieures légèrement écartées tout en relevant légèrement la queue. Elle urine fréquemment ce qui finit par attirer l'attention de l'étalon qui la suit en lui reniflant les parties génitales et en la mordillant gentiment au niveau du cou et de la croupe. La femelle peut réagir en ruant et en s'enfuyant forcant le mâle à la poursuivre. L'accouplement a lieu lorsque la femelle est prête en adoptant une posture caractéristique. Les autres femelles peuvent exprimer de la jalousie (morsures, poursuites) si la femelle choisie est d'un rang peu élevé dans la hiérarchie (Estes).

Après une gestation d'un an, la femelle met bas allongée sur le flanc parfois sous la surveillance de l'étalon dominant. Le poulain pèse une trentaine de kg à la naissance et est presque aussi précoce qu'un jeune gnou. Il peut se tenir debout après 10 mn et commence à têter au bout d'une heure. Il est sevré au bout d'un an. Pendant les premiers jours, la mère peut être agressive avec les autres membres du troupeau et les menacer s'ils s'approchent trop près du poulain le temps que le poulain s'imprègne de l'odeur et la présence de sa mère.

Prédateurs : Les lions et les hyènes tachetées (à condition qu'elles soient en groupe) et dans une moindre mesure les meutes de lycaons sont les principaux prédateurs des adultes. Les zèbres sont des proies très difficiles même pour les lions. Ils sont vigoureux, très rapides et leurs sabots sont redoutables, une seule ruade peut briser la mâchoire d'un lion ou d'une hyène. Il existe un cas documenté où un étalon a tué une hyène tachetée d'un coup de sabot. Une lionne est également morte de faim après avoir eu la machoire fracassée par une ruade de zèbre. L'étalon est particulièrement agressif et courageux et n'hésitera pas à défendre son harem seul contre une meute entière de lycaons ou un groupe de hyènes à force de ruades et de morsures. Des observations (Cullen) font état d'un étalon ayant tenu tête à cinq hyènes tachetées, l'une d'entre elles ayant été saisie par la peau du dos et projetée à plusieurs mètres par l'étalon et une autre ayant recue un violent coup de sabot à la tête faisant finalement fuir les trois dernières. Les autres membres du harem viennent parfois prêter main forte à l'étalon notamment s'ils sont attaqués par des lycaons ou des lions en formant un cercle autour des prédateurs pour les observer.  Les femelles défendent également vaillament leurs poulains contre hyènes et lycaons et n'hésiteront pas à engager le combat et faire fuir une hyène solitaire, un léopard ou un guépard. 

Les coalitions de guépard mâles sont des prédateurs occasionnels des adultes mais les guépards solitaires tout comme les léopards s'en prennent généralement aux poulains et aux subadultes. Il arrive que les léopards s'en prennent de manière exceptionnelle aux zèbres adultes qui constituent des proies dangereuses et volumineuses pour un chasseur solitaire. Il existe cependant une vidéo sur Youtube et des photos d'un léopard mâle boiteux tuant sans difficulté une jument zèbre adulte après lui avoir tendu une embuscade alors qu'elle venait de traverser la rivière Mara au Kenya où elle avait subie l'attaque préalable d'un crocodile. Le crocodile du Nil s'attaque d'ailleurs souvent aux adultes lorsqu'ils traversent les rivières mais là encore les zèbres se défendent en mordant l'oeuil du reptile, le seul défaut à sa cuirasse. Ils sont également beaucoup plus prudents que les gnous à l'abord des rivières.

Les poulains et les subadultes, outre les lions, hyènes et lycaons, sont également régulièrement la proie des guépards et des léopards.

Meilleurs endroits pour l’observer: Les zèbres sont présents dans toutes les réserves d'Afrique orientale et australe et s'observent très facilement. La réserve du Masai Mara au Kenya, le Ngorongoro et le Serengeti en Tanzanie, la réserve de Moremi et le parc de Chobe au Botswana, le Kruger en Afrique du Sud sont particulièrement propices à son observation.