REDUNCAS COMMUN ET BOHOR ou COBE DES ROSEAUX

Le redunca est une antilope de taille moyenne qui comme son nom l'indique appartient à la famille des reduncinés (antilope des milieux humides). Il y a trois espèces de redunca, le redunca de montagne à la robe plus pâle, le redunca bohor et le redunca commun. Le redunca commun et le redunca bohor ont des moeurs similaires alors que le redunca des montagnes se distingue quelque peu en raison d'un comportement plus grégaire.

Le redunca commun est l'espèce la plus grande. Sa robe est jaune pâle-grisâtre. Il se distingue du redunca bohor et du redunca des montagnes par la présence d'une rayure noire sur ses quatre pattes. Les cornes, seulement présentes chez le mâle, sont courtes et recourbées vers l'arrière. Il existe deux sous-espèces de redunca commun: le redunca commun du sud (Redunca arundinum) répandu du nord de l'Afrique du Sud jusqu'à la République Démocratique du Congo et  au Gabon en passant par l'Angola, le Mozambique, le Zimbabwe et le Botswana et le redunca commun du nord (Redunca occidentalis) localisé à l'est de la Zambie, au nord du Mozambique, au Malawi et en Tanzanie du sud. Les deux sous-espèces sont assez similaires mais le reedbuck commun du sud a des cornes plus longues et une robe légèrement plus sombre.

Le redunca bohor est plus petit avec une robe plus vive qui tend plus vers les tons de rouge/orangé. Comme pour les redunca commun, il existe plusieurs sous-espèces qui sont très similaires en apparence: le redunca Nagor (Redunca redunca) que l'on trouve en Afrique de l'Ouest de la Gambie au Nigeria en passant par le Mali, le Niger, le Togo, la Guinée, la Guinée-Bissau et le Bénin, le redunca du Nil (Redunca cottoni) répandu du nord de la République Démocratique du Congo à l'Ouganda en passant par l'Ethiopie et le Soudan du Sud et le redunca bohor de l'est (Redunca bohor) dont l'aire de répartition recouvre toute la région des grands lacs de la Tanzanie à l'Ethiopie en passant par le Kenya, le Burundi, la République Démocratique du Congo, le Rwanda et le Soudan. La dernière sous-espèce et le redunca Bohor du Nigeria (Redunca nigeriensis) qui comme son nom l'indique habite les savanes humides du Nigeria mais que l'on trouve également au nord du Cameroun jusqu'à l'ouest du Soudan.

Toutes les espèces de redunca possèdent une glande noire sous-auriculaire dont s'écoule une sécrétion qui sert à l'identification et la localisation des individus dans les hautes herbes pendant la période du rut.

Redunca bohor de l'Est mâle (Montagnes du Bale, Ethiopie)                       Reduncas commun du sud (Moremi, Botswanaà

CARACTÉRISTIQUES MORPHOLOGIQUES

Redunca commun

Longueur : F=120-140 cm, M=130-160 cm

Hauteur au garrot : F=65-95 cm, M=65-95 cm

Poids : F= 32-85 kg ; M= 60-95 kg

Redunca bohor

Longueur : 100-135 cm

Hauteur au garrot : 65-89 cm (variable selon les sous-espèces)

Poids : F=35-45, M=43-65 kg (variable selon les sous-espèces)

ECOLOGIE

Habitat : Les reduncas affectionnent les grandes plaines d'herbes hautes, les plaines inondables et les milieux ouverts près d'une source d'eau permanente à condition que la végétation soit suffisamment haute pour pouvoir les dissimuler.

Nourriture : Ils se nourrissent principalement de plantes herbacées mais les reduncas communs se font parfois phyllophages peuvent se nourrir de feuilles de buissons et d'acacia surtout pendant l'hiver.

Comportement social : Les reduncas ont une structure sociale intermédiaire entre les antilopes de forêt aux moeurs solitaires et les antilopes de savane grégaires. La structure sociale de base est celle du couple monogame accompagné ou non de leurs jeunes avant qu'ils ne quittent le territoire. Cette structure sociale prévaut surtout lorsque le couvert végétal le permet. En général, un couple de reduncas va établir son territoire dans un bosquet ou dans un carré d'herbes hautes à proximité d'une source d'eau permanente. Toutefois, si le couvert végétal disparaît en raison d'un feu ou de modifications de nature environnementale, les reduncas peuvent alors se rassembler dans des milieux ouverts. Le couple monogame est territorial. Même lorsque les circonstances environnementales amènent les reduncas à se rassembler temporairement, les mâles réduisent leur territoire et continuent à s'éviter.
Cette configuration est surtout vraie chez le redunca commun.


Il semblerait que le redunca bohor soit un peu plus grégaire avec une structure sociale plus adaptable. Les femelles occupent des domaines vitaux et forment des petites hardes de deux à cinq femelles accompagnées de leurs petits. Les mâles établissent des territoires qui peuvent recouvrir les domaines vitaux de plusieurs femelles. Les mâles non-territoriaux se regroupent en hardes de célibataires pouvant compter une vingtaine d'individus. Les territoires se désagrègent en cas de fortes concentrations de reduncas comme dans le Sudd au Soudan du Sud.

Le comportement territorial du mâle est similaire à celui de beaucoup d'autres bovidés mâles. Les mâles aiment à se tenir en évidence sur la moindre éminence située au sein de leur territoire. A l'approche d'un rival, il émet un sifflement d'avertissement et se dirige en direction de l'intrus en bondissant. Il peut alors menacer l'intrus en baissant ses cornes à l'horizontal. Si l'intrus ne se retire pas, un combat peut s'engager cornes contre cornes qui peut s'avérer fatal. Les combats selon R.D. Estes sont responsables de la mort d'un tiers des mâles. Il semble que les mâles défendent surtout les femelles présentes sur leur territoire plutôt que l'espace ou les ressources qui y sont localisées. Les mâles non-territoriaux seront d'ailleurs tolérés à condition qu'ils adoptent une attitude de soumission et ne cherchent pas à s'accaparer les femelles. 

Bien que les reduncas soient nocturnes, ils peuvent également être actifs en journée ou à l'aube. Ils se reposent à l'ombre de la végétation en journée.

Reproduction : Les reduncas se reproduisent toute l'année. Le mâle approche la femelle tête et cou à l'horizontale et peut tenter de lui lécher la croupe et les organes génitaux. Celle-ci répond en urinant permettant au mâle de tester sa réceptivité. Le mâle peut effectuer le laufschlag avant l'accouplement. La gestation est de sept mois et demi. Le faon naît à l'écart et reste caché dans la végétation pendant le premier mois suivant parturition. La femelle le rejoint une fois par jour pour lui permettre de têter. Les jeunes rejoignent leur mère dans ses déplacements au bout de trois mois. Ils finissent par être chassés par le mâle territorial à l'adolescence.

Prédateurs : Les lions, les léopards, les guépards, les hyènes tachetées, les lycaons, les crocodiles, les pythons sont les prédateurs des adultes. Une vidéo sur YouTube montre bien les dangers auxquels s'exposent les reduncas. En effet, on peut y voir une femelle chassée par un guépard qui pour lui échapper tombe dans un ruisseau en contrebas où elle finit dévorer par crocodile. le guépard lui-même tombe dans le ruisseau où il est lui-même happé par un crocodile mais finit par lui échapper après une lutte titanesque. Les chacals, les ratels, les rapaces et les baboins peuvent s'en prendre aux jeunes. En présence d'un prédateur, les reduncas adoptent l'attitude de certaines antilopes de forêt comme le guib harnaché ou les céphalophes en s'immobilisant et en se dissimulant dans la végétation. Ils peuvent également s'applatir sur le sol. Si le prédateur se rapproche, ils plongent alors dans la végétation.

Meilleurs endroits pour l’observer : Les reduncas sont étrangement difficiles à observer même dans les réserves où ils sont présents en nombre. Cela peut s'expliquer par leur moeurs plutôt nocturne et leur préférene pour les habitats constitués d'herbes hautes où ils aimment à se dissimuler. Les observations sont aléatoires. Le Serengeti en Tanzanie et la réserve de Moremi au Botswana sont en général propices à leur observation.